Premier livre de Muriel Barbery qui se retrouve entre mes mains et je suis quelque peu gênée...
En nous racontant l'histoire de Rose, une femme qui doit se rendre à Kyôto pour prendre acte des dernières volontés d'un père japonais qu'elle n'a pas connu, Barbery nous décrit un Japon fantasmé, fait de temples, de légendes et de jardins. On sent très rapidement la volonté de l'autrice de nous retranscrire tout ce qui fait le charme de ce pays : dans ses coutumes, sa manière de vivre, l'importance accordé aux détails (dans les décors et la nourriture notamment). L'histoire de Rose devient alors vite un prétexte pour rendre hommage au Japon que Barbery affectionne, et particulièrement Kyôto, qui aurait semble-t-il la capacité de guérir les âmes torturées. Car Rose, au cours de son voyage initiatique, rencontrera de nombreuses personnes meurtries par la mort d'un proche et qui entreront en résonnance avec son propre deuil.
Malheureusement, Barbery peine à dégager de l'émotion, tant son écriture est vite alourdie par une surenchère de détails et de descriptions vaines. La relation qui se tisse au fil des pages entre Rose et Paul, l'ancien associé de son père décédé, manque de maturité et devient vite prévisible. De plus, les personnages qui gravitent autour de l'héroïne sont tous européens et délivrent une vision presque caricaturale du Japon. Les Japonais quant à eux ont le choix entre 2 personnalités : soit effacée et obséquieuse, soit rustre et antipathique. C'est donc un point de vue uniquement européen qui nous est livré et les Japonais sont finalement traités comme un élément de plus dans ce décor surchargé.
Je trouve que Barbery a manqué de recul sur ce sujet qui semble, à raison, la passionner et s'est finalement enfermée dans cette carte postale d'un Kyôto fantasmée. Si vous aimez le Japon, ce livre vous fera certainement découvrir de nombreux temples et proverbes japonais. Sinon, je ne sais pas bien ce qu'il vous apportera.