Une saga moscovite par ngc111
A la fois saga familiale et saga historique, couvrant des générations de Gradov ayant vécu le règne de Staline, Une saga moscovite porte bien son nom. Profondément russe, jusqu'à en paraître obscure voir impénétrable lorsque le vocabulaire typique s'accompagne d'un enchevêtrement de situations politiques méconnues, le roman fleuve de Vassili Axionov pourra perdre des lecteurs qui deviendront vite réfractaire à une œuvre riche, pédante mais peu pédagogue.
D'une nature foisonnante, il faut avouer que le roman paraît parfois très long, la faute à des passages un peu poussifs ou répétitifs dans le second tome (c'est à dire la troisième partie). D'une manière générale, il accumule les fautes inhérentes au genre, en s'attardant parfois sur des moments peu importants et en utilisant à l'inverse des ellipses pour des évènements sur lesquels on aurait aimé avoir plus d'informations (les errements de Mitia, la création de son personnage au bagne). On échappe pas non plus à quelques facilités dans les liaisons entre personnages, à quelques situations bien pratiques pour mener l'intrigue à bien... mais cela reste non abusif et aucunement incohérent.
Au-delà de ces défauts que l'on pourrait presque qualifier de structurels, Une saga moscovite démontre au contraire les qualités propres au talent de son auteur. La plume poétique de l’écrivain russe fait merveille pour souligner le charme de Moscou, la tristesse de certaines situations politiques ou militaires et donne corps à une intrigue pourtant fort austère dans son propos.
Ce charme ne s'en trouve que plus bonifié grâce aux personnalités fortes qui s'échelonnent à travers les âges et les pages, qu'elles soient du clan Gradov ou gravitant autour, ou bien personnages historiques et politiques. On trouve même de multiples références et hommages aux génies de la littérature russe comme Dostoïevski, Tolstoï, Gogol ou encore Pouchkine.
Impressionnante dans son apport culturel, belle dans son style, touchante dans sa représentation de diverses générations de russes, Une saga moscovite parvient à emballer son lecteur la plupart du temps, malgré de légères baisses de rythme et une dernière partie quelque peu souffreteuse par instant.