Nous suivons dans ce bouquin quatre protagonistes. Ils ont chacun voix au chapitre puisque, justement, à chaque chapitre son narrateur.
Cette lecture m'a été conseillée par quelqu'un qui l'a beaucoup appréciée. J'ai pris plaisir à m'immerger dans la tête et le cœur de chacun des personnages. Elizabeth John Howard s'y est prise à merveille et avec beaucoup de poésie : elle a su rendre compte de personnages complexes, avec chacun sa philosophie, ses défauts, ses qualités, son caractère et sa vision du monde.
Chaque chapitre étant écrit à la première personne lorsque l'on est dans la peau de Jimmy, Lillian ou Alberta, j'ai trouvé remarquable que ce ne soit pas le cas pour Emmanuel. En artiste autour duquel tout le monde s'articule, c'est comme si on gardait cette vision d'un dramaturge secret, inaccessible, qu'on ne comprendra ni ne verra jamais vraiment. J'ai également beaucoup apprécié le fit que les spéculations d'Em ou de Jimmy sur les sentiments d'Albert à n'aient jamais vraiment de réponse. Après tout, cette jeune femme ne s'arrête pas à ce qu'elle ressent pour tel ou tel homme. Elle est plus que ça.
Ce fut une lecture que j'ai trouvé agréable. Elle n'est certes pas pleine de rebondissements, de quêtes et d'aventures, mais elle est humaine : on plonge en profondeur dans chaque facette de chaque personnage, avec tout juste ce qu'il faut de marge et de mystère pour comprendre qu'on ne connaît jamais vraiment quelqu'un, comme on ne se connaît jamais vraiment soi-même.