Nous sommes à Bombay à la fin des années 1990, dans la communauté parsie. Tandis que Nariman le patriarche s'éteint doucement, les souvenirs et les rancoeurs de la famille Vakeel refont surface. Coomy et Jal, les beaux-enfants de Nariman, sont partagés entre leur sentiment du devoir et le dégoût que leur inspire ce vieil impotent. Mais comment se débarrasser de « pappa » alors qu’il leur a légué son immense appartement ? Voilà Nariman « en vacances » chez sa fille biologique, Roxana. Mais même si cette dernière adore son père, la situation est loin d’être simple. La famille Chenoy occupe un modeste deux pièces et Yezad, le mari de Roxana, gagne tout juste de quoi nourrir leurs deux enfants. Pourtant la cohabitation s’annonce enrichissante pour les trois générations. C’est surtout Jehangir, le fils cadet, qui noue une relation très émouvante avec son grand-père. A l’affût des rêves de Nariman, le petit garçon découvre par bribes le passé tragique qui a divisé la famille.
En suivant les différents membres de la famille Vakeel, nous découvrons le quotidien des classes moyennes dans l’Inde d’aujourd’hui: des trains de banlieue au fondamentalisme religieux, en passant par les matches de cricket, l’école, les paris illégaux, la corruption du régime et le rêve d’émigration. Mais si ce roman est grand, c’est parce qu’il possède une dimension universelle ; car les histoires d’amour, les histoires de famille sont de celles que l’on écoute toujours et partout avec un même intérêt. Et comment ne pas être bouleversé par la lente déchéance de Nariman, qui s’évade dans ses souvenirs pour oublier son corps prison ? Pour moi ce livre est d'une puissance rare, magnétique même. C’est un véritable chef d’œuvre qui se lit d’une traite et s’avère inoubliable. Rohinton Mistry, parsi émigré au Canada, y a probablement mis beaucoup de lui-même.