Françoise Vergès n'est pas forcément perçue comme une politologue blanche comme neige puisque des rumeurs circulent sur l'appropriation de certains concepts sur le dos de ses étudiantes. Je parle ici de rumeurs car je ne connais pas les faits mais je trouve toujours important de souligner ce genre de choses.
Son avis est controversé aussi parce que c'est une femme plus privilégiée que la moyenne. Mais je vais m'attacher à parler de cet ouvrage ci, et ce, sans avoir encore lu son ouvrage précédent traitant du féminisme décolonial dont elle fait référence au long de sa théorie de la protection.
On peut noter aussi l'usage du mot "transsexuelle" au lieu de transgenre le peu de fois où elle en parle. Je rajouterais aussi un dernier point : parfois son argumentation est floue, l'usage de certains concepts presque dévoyés.
Cet ouvrage est néanmoins une bonne introduction à la déconstruction sur le racisme, le capitalisme, la "protection" de l'état, du système pénitencier et du "monolithisme" des féminismes en dénonçant un féminisme bourgeois, civilisationnel, institutionnel : bref, un féminisme d'état.
Son contenu est dense même s'il se lit bien et vite, je vais faire des recherches sur certaines choses qui sortent un peu sans contexte. A voir. Et puis elle en appelle aussi à une forme de révolution, une alternative au pouvoir tel qu'on le conçoit mais j'ai du mal à m'y projeter et elle-même le dit à la tout fin " nous vivons une époque où il est impossible d'échapper au déchainement de violence incontrôlable que produisent l'avidité, cupidité et pouvoir, sauf à s'organiser auprès de celles et ceux qui n'ont rien à perdre".
Ceux qui n'ont rien à perdre sont minoritaires, même dans la précarité, en tant que précaire j'ai toujours sacrifié des privilèges de classe pour accepter une situation moins pire : travailler. Nous devons à mon sens repenser le fait de perdre, faire de deuil de l'abondance et en premier lieu, les riches.
Malgré les certains contours flous qui demanderaient d'être creusés, on y lit un fond de sa pensée percutant, profond, qui appelle à la déconstruction, la remise en question de nos perceptions des institutions étatique, policière et juridique. Un appel aussi à une prise de recul pour les féministes les plus privilégiées.