Un style admirable, de l'autodérision, un sens de la formule évident, un goût pour la rêverie et la nature, un penchant pour l'aventure, enfin une grande culture littéraire : voilà ce que j'aime chez Sylvain Tesson.
J'ai donc lu avec enthousiasme Une très légère Oscillation, et y ai retrouvé tous ces ingrédients qui font le succès de son auteur. Sylvain Tesson couche ses réflexions sur le papier avec toujours le même talent.
Mais le dernier livre de Sylvain Tesson se démarque des précédents par sa forme : il s'agit en fait du journal intime tenu par l'auteur entre 2014 et 2017. Par conséquent, ce nouveau genre rend le livre assez original par rapport aux autres essais de l'auteur : Tesson est ici amené à commenter l'actualité qu'il traverse, qu'elle soit personnelle ou plus générale. On y trouve donc des réflexions nouvelles, plus politiques et en lien avec les évènements qui marquent ces années (les attentats islamistes par exemple).
Ces réflexions m'ont laissé une impression mitigée. Elles sont souvent pertinentes et ironiques, mais modifient l'image (un peu idéalisée) que j'avais de Sylvain Tesson : celle d'un homme vivant en dehors du monde, un aventurier rêveur qui ne se soucie guère que d'admirer les paysages qui l'entourent et de préparer ses voyages à l'autre bout du monde.
Il faut cependant préciser que le livre est en fait un recueil de textes publiés dans différents magazines (Le point, Philosophie magazine et Grand Reportages), ce qui peut expliquer cette nécessité de coller d'avantage à l'actualité.
Pour autant, le livre ne se résume évidemment pas à ces pensées qui restent minoritaires parmi les méditations de l'auteur sur la nature ou la modernité et ses récits de voyages. J'ai découvert que Sylvain Tesson manie également avec bonheur l'art de la formule à travers des séries réussies d'aphorismes. Encore une fois, j'ai éprouvé un grand plaisir à lire Sylvain Tesson !