Je savais que Maupassant était un auteur à part, que son oeuvre se trouvait quelque part entre le romantisme d'Hugo, trop poétique et le naturalisme de Zola, réalisme poussé à l'excés. Mais jusque là, je n'avais lu que des nouvelles de lui, donc grâce à "Une Vie", la véritable ampleur de son talent s'est révélée à mes yeux ! Guy est en fait un génie de l'écriture !
Et je pèse mes mots. Il a à la fois le talent d'un poète qui sait jongler avec les sons, les rythmes et les perceptions et celui d'un romancier peut-être plus créatif et intéressant. Dans "Une Vie", on rêve devant la beauté de la campagne normande, mais on éprouve aussi une pitié sans fond pour Jeanne.
L'action n'est pas omniprésente, mais selon moi, le sens du livre est honorable. La phrase de fin est la cloture en apothéose d'une oeuvre belle en sensée. En effet, "la vie, voyez-vous, ce n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit". C'est plutôt une succession d'aventures, de bonnes et de mauvaises phases. Pour Maupassant, la vie est un cycle. Jeanne sort du couvent et découvre le monde avec un plaisir exacerbé, s'emerveillant de la beauté simple de la nature. Puis l'amour et la vie sociale prennent le dessus. Ensuite, les aléas de la l'existence viennent à sa rencontre et quand on pense le fond atteint, tout recommence: retraitée, elle se passionne de nouveau pour les fleurs et les papillons, se réinteresse aux personnes du monde (l'idée des calendriers est phénoménale !) et trouve le plaisir de l'éducation d'un enfant.
J'ai un commentaire tout à fait personnel à livrer sur l'ecriture de Maupassant. Elle est plus lourde et beaucoup moins agréable dans les périodes où Jeanne est malheureuse... Simple coincidence ou génie littéraire ? Je pencherais pour la deuxième option.