J’ai vraiment beaucoup aimé les livres de Dubois jusqu’à ce jour. Je les ai toujours noté au-dessus de 8 et j’ai même attribué un 10 au livre qui lui a valu le Goncourt et qui m’a tant plu.
Par contre je dois avouer avoir été déçu par cet opus.
D’abord, et surtout, parce qu’il est beaucoup trop orienté Politique. Au point d’ailleurs que les titres des chapitres s’alignent sur les mandats présidentiels. Mais au-delà des critiques des présidents et de leurs gouvernements, les ministres en prennent aussi pour leur grade, dans des réquisitoires parfois vraiment trop engagés. Je fais partie de ceux qui pensent que la politique n’a pas sa place en littérature, il y a pléthore d’essais pour ce sujet pour ceux que ça intéresse. J’ai trouvé ce passage assez représentatif de ce qu’on trouvera tout au long du livre sur cette critique de la politique, quand le héros parle du Gouvernement Chirac en ces termes : « un pétainisme bananier dans les manières de ce petit fascisme de flibustiers ».
Ensuite, parce que le héros du livre n’est pas vraiment quelqu’un de très sympathique. On nous présente un homme qui monte au créneau en Mai 68 pour avoir son diplôme sans n’être jamais allé en cours (jusqu’à aller menacer un prof chez lui avec un petit groupuscule d’étudiants prêts à en découdre), quelqu’un qui ne se sent pas le devoir citoyen d’aller voter (et qui fait même une fierté de n’être jamais allé voté de toute sa vie), quelqu’un qui n’a jamais travaillé et profité des revenus de sa femme chef d’entreprise, quelqu’un qui a des prises de positions très radicales (pas seulement en politique mais aussi en musique et dans de nombreux autres domaines), quelqu’un d’infidèle qui saute la meilleure amie de sa femme pendant que celle-ci se bat avec une entreprise aux abois…. Bref, j’ai trouvé ça malaisant, voire désagréable.
Enfin, j’imagine que c’est une période qui parlera plus à la génération de ceux qui furent étudiants en mai 1968. Grève, émeutes, sex et rock’n’roll (jazz en l’occurrence pour notre héros), difficile encore une fois ici de s’identifier à cette génération.
Tout ceci étant dit, Dubois est un vrai conteur et la lecture reste plaisante, on ne voit pas le temps passer. Dans le style d’une Annie Ernaux, on a aussi une photographie de la France sur ces quelque décennies qui reste intéressante.