"La mauvaise SF passe son temps à prédire [...]" - P. K. Dick_

Univers était un trimestriel (puis un annuel) anthologique publié par les éditions J'ai Lu.

Sa ligne éditoriale se plaçant sur de la prépublication et de la publication de nouvelles de SF, principalement américaines mais aussi françaises, britanniques, etc... Une démarche impossible à l'heure où je tape ces lignes au vu du désintérêt culturel de notre époque qui a conduit le monde de la presse à la crise (pour plus d'informations se reporter au film Idiocratie).

Ce premier numéro, paru en 1975 propose ainsi dix courts récits de science-fiction, mêlant auteurs connus à d'autres beaucoup moins.

Pour cette chronique je parlerai de chaque texte, un à un, dans leur ordre d'apparition au sein du livre. Je les noterai indépendamment et ferai ensuite une moyenne qui apparaîtra comme ma note globale sur la page du titre.

L'Oiseau de Mort, de Harlan Ellison.

[Science-Fiction (Space Opera, SF Religieuse)]

Un auteur que je ne connais pas ouvre le bal ; "Chouette ! me dis-je en moi-même, je vais sûrement découvrir de nouvelles idées, quelque chose de grandiose, ils ne l'ont pas placé en tête de liste sans raison !" Naïf que je suis...

L'histoire s'ouvre sur ce qui apparaît être une salle de classe de lycée (?) où un sujet d'examen est énoncé, jusque là tout va bien. Une double action se met en place au paragraphe suivant, nous partons alors pour un voyage lointain, aux confins du Cosmos. Nous y suivons plusieurs personnages dont la plus part son d'inspiration biblique (je devrais plutôt dire, des personnages piqués dans la Bible avec des noms différents). La continuité de leurs aventures se fera alors tout au long du texte, tout en étant entrecoupés.

Si le postulat de la nouvelle est que Lucifer serait en fait le gentil et que le Créateur serait en réalité, tout simplement, un abruti qu'on aurait placé là et qui ferait les choses à sa manière parce que c'est lui le chef – le scénario quant à lui se montre plus que bancale. La narration s’arrêtant tous les dix paragraphes pour nous ramener tantôt dans la salle de classe, tantôt dans des lieux qui n'ont rien à faire dans le texte (ils ont sûrement une utilité dans la tête de l’auteur, mais pour le lecteur basique que je suis, je n'en ai pas trouvé). Rajoutons également à cela les coupures supplémentaires « citant » des passages approximatifs du livre Saint (dans une traduction faite avec les pieds et le cul) pour coller au mieux au propos et tenter de justifier les spéculations émises par l’écrivain qui augmente la lourdeur de la lecture et casse le peu d’intérêt que l'on peut avoir pour l'ensemble.

N'ayant pas compris en quoi toutes ces pièces détachées que l'on a greffées sur un Space Opera avait un sens pour l'histoire (de toute façon nous ne le saurons jamais et ce n'est pas explicité, encore moins expliqué dans la nouvelle). Je ne pouvais finir la lecture qu'avec une sentiment plus que décevant.

Le propos pseudo-mystique par analogie aurait cependant pu être un minimum intéressant s’il avait été développé correctement. Mais l’auteur a apparemment préféré se perdre dans une idée qu’il a sûrement jugé excellente en l'écrivant. Le scénario principal, bien que peu novateur – même en matière de SF spatiale (pour dire le niveau) – partait d'une idée sympathique à défaut d’être basique, mais les passages incongrus au milieu du tout, forme un conglomérat insensé de couacs incompréhensibles, le tout pouvant selon moi être qualifié de « navet ».

03/10

Le Salaud, de Frederik Pohl.

[Science-Fiction (Anticipation, Space Opera) | Suspense]

Le second récit quant à lui s'impose aussitôt de part le nom de son auteur, un grand monsieur de la Science-Fiction qui a signé quelques grands classiques du genre et est reconnu encore de nos jours. Une petite note d’espoir surgissant alors en moi, me laissant penser que je passerai peut-être un bon moment avec ce livre.

Nous sommes propulsés dans un vaisseau transportant un grand nombre de passagers vers une planète qui deviendra leur nouvelle maison. Le voyage dure longtemps, très longtemps, si longtemps que, pour ne pas trop ressentir le poids des années, toutes ces personnes ont été cryogenisées pour arriver sans ride et en bonne santé (ouais… je l’accorde, le début n'est vraiment pas original). Cependant (parce que je n'avais pas envie de mettre un « mais »), un des voyageur quant à lui ne dort pas, le pilote.

On ne sait que peu de chose sur lui, si ce n'est qu’il pilote, répare, bidouille, se fait chier et qu’il décide de réveiller l’un des passagers. « Le pauvre, il doit se sentir seul ? Il a besoin de compagnie ! » vous dites vous à la lecture… eh bah non ! C'est pas ça !

Il réveille une jolie demoiselle à distance et range aussi sec son frigo dans le compartiment adéquat et la laisse là, seule dans une pièce immensément vite où, nue, elle va commencer à tourner en rond au bout de quelques minutes. Pourquoi fait-il ça ? Pour la regarder pardi ! Tout simplement ! Pour la regarder s’énerver, pas pour la voir à poil ou la regarder faire des trucs bizarres, non. Seulement pour la voir emprisonnée, pour la sentir perdre patience, pour regarder ses nerfs lâcher. Bien-sûr, pour le personnage principal, dont on ne sait quasiment rien avant la chute de l'histoire, il y a une dimension sexuelle, mais pas dans le sens habituel du mot, on est ici sur quelque chose de pathologique, de dangereux, de vicieux, presque diabolique. Et c’est ainsi que l’auteur va nous traîner quelques pages durant, parfois du côté du pilote caché derrière la porte puis d’autres fois du côté de la jeune femme perdant patience et commençant à menacer son ravisseur.

L’idée est percutante, le concept totalement inédit et la chute plutôt bien amenée car aux antipodes de ce à quoi l’on peut s’attendre (une vraie chute quoi). Pohl nous pousse dans l’esprit d’un vicelard, dans un lieu confiné où la peur régie la raison. En seulement quelques pages nous nous retrouvons dans un scénario immersif qui se lit d’une traite sans prendre le temps d’aller pisser entre deux lignes. Je ne raconterai évidement pas la fin ici, je vous invite plutôt à la lire car l’idée exposer derrière sa conclusion tend à une vision futurologique d’une technologie sociétale – à l’époque il y avait de grands auteurs, il faut dire ce qui est !

Une fois terminée, je me suis dis que je n'avais pas à regretter les 0,50 que m’ont coûté ce bouquin. Certes la première nouvelle était mauvaise mais peut-être était-ce une pas bonne au milieu d’une sélection de super qualité ? C’est en tout cas ce que m'a laissé penser la fin de cette deuxième.

07/10

Note pour un Roman sur le Premier Vaisseau Atterrissant sur Vénus, de Barry N. Malzberg.

[Science-Fiction (Space Opera, SF Militaire, Planet Opera) | Action | Aventure]

Comment vous dire que ce troisième récit m'a immédiatement… refroidie.

Déjà, j'avais lu l’édito en début de volume qui disait en gros que le gars avait eu une idée géniale tant son intrigue était originale et qu'en plus, il était tellement génial lui-même qu'il s'était payé le luxe de ne pas écrire le roman qu’il avait en tête par flemme et que cette flemme était tellement géniale elle aussi, qu'au lieu d'en faire une nouvelle, il en avait fait une petites quantité de paragraphes (oui, des « notes ») qui résumeraient de façon géniale tout son scénario trop génial étape par étape, en 4 ou 5 pages maximum – G.É.N.I.A.L. ! Ça vend du rêve non ?

Mais de quoi parle cette merveille ?

De rien.

Une histoire ordinaire comme dix milles autres en ont écrit, avec un passage redondant sur une femme qui couche à-droite-à-gauche et qui serait en fait la clef de résolution d’un mystère dont on ne sait rien – en trois lignes et demi il est vrai que ça restreint largement le développement – si seulement ça avait été bien écrit, ou non, en fait peu importe la forme, si seulement le fond avait apporté quelque chose, s'il y avait eu une idée derrière, juste une bonne histoire… mais à la place on a un rien qui ne parle pas de grand-chose.

Honnêtement, c’était si pauvre que je ne trouve vraiment rien de plus à en dire. Je pourrais bien-sûr déblatérer sur le texte pour en faire au moins un petit résumé, mais comment faire un petit résumé de ce qui est déjà un petit résumé ? Allez… pour le fun je vais essayer :

« Des personnages vont dans l’espace pour coloniser d'autres planètes parce que la Terre et répartie en caste et que c’est pas bien – en plus il y a trop de monde. Alors ils décident d’aller sur Vénus, mais d’autres gens ne veulent pas – des méchants, alors ils font la guerre. Et une dame couche un peu partout pendant ce temps là. » Génial !

Passionnant, n’est-ce pas ? Et dire que tout ce que je viens d’écrire dessus fait à peu près autant de mots que le texte en lui-même… (oui j’exagère un chouilla).

02/10 (Oui je lui ai mis un point parce que l’auteur aurait pu avoir la flemme d’écrire ce truc, mais qu’il a quand-même eu le courage de le faire et, un point supplémentaire parce qu’il a quand-même réussi à vendre cette merde (n'ayons pas peur des mots) à un éditeur).

Venceremos !, de Dominique Douay

[Science-Fiction (Dystopie, Anticipation) | Action | Politique]

Auteur français que je ne connaissais pas, il tente une découpe de son écrit plutôt audacieuse en navigant entre plusieurs lieux et personnages, en ciblant ces diverses phases tels des dossiers différents qui feraient partis d'un même tout. Un puzzle en somme qui dénote dès l’entrée en matière d'une volonté de démarcation vis-à-vis de la concurrence mais dont l’élan est, selon moi, rapidement stoppé par plusieurs points négatifs qui entachent beaucoup le récit.

Mais parlons d’abord de cette histoire. Nous suivons donc plusieurs décors et instants où apparaissent dans certains des scientifiques, des politiques, la plèbe et un prisonnier condamné pour une sorte de crime de la pensée (?). Pour la faire simple, les scientifiques travaillent sur une machine demandée par les politiques pour faire en sorte que la plèbe n'est pas l’idée de faire la même chose que le prisonnier. Cette machine, un casque dont le port est fortement conseillé. La plèbe pense que le couvre-chef les protègent des flics (oui c'est très 68tard) parce que les flics sont apparemment les vrais méchants qui tirent les ficelles (?), toujours est-il que l’on est là dans de la pure dystopie, mais surtout nous sombrons dans ce qu’elle a fait de plus bateau. Le postulat de base était pourtant bien pensé ! L’idée était que ce que la plèbe va subir avec le casque qu’ils portent tous, ce sont toutes les souffrances endurées par le prisonnier politique, ces « images » n’étant pas simplement visuelles mais également sensitives et immersives ce qui a pour but d'endiguer toute idée de rébellion contre l’ordre établi avant que quelqu’un en ait l’idée par peur que la vie du prisonnier ne devienne la sienne.

Vraiment, cette idée était bonne, tordue, mais bonne. La forme générale du récit était bien pensée et laissait planer assez de suspense pour ne pas gâcher la chute (que je vous ai gâché dans la dernière phrase du paragraphe précédent). Mais, parce qu’il y a un mais – et même plusieurs – trop d’éléments je trouve, font ralentir la lecture et gâches le plaisir. Des points qui m'ont bousillés et le rythme, et le sentiment que j’étais face à quelque chose de bien. La première c’est le style de l’auteur, son écriture est ce qu’elle est, certains trouveront ça sûrement « génial », moi non. L’écriture de l’auteur est d’une lenteur fatigante, on a l’impression que ça le fait presque chier d’écrire, il n’y a pas de rythme, le ton transpire la monotonie et tout est carré , tiré à la règle, l’auteur tente d’écrire comme un rebelle mais ça ne prend pas, il jure juste pour jurer – des fois que, ça ferait de lui un punk – et ça ne mène nulle part. Bien-sûr c’est censé être dans l’idée de tapisser l’œuvre d’une atmosphère che-guevarienne, mais ça sonne faux, ça ne prend pas, ça ne fait pas naturel.

Puis, deuxième point qui m’a vraiment coupé , l’aspect politique… déjà parce que la politique en générale ça me gave et ensuite parce que des idées aussi irréfléchies que celles sous-entendues par la narration ça m’exaspère. C’est bobo juste ce qu’il faut pour l’époque, très français dans l’esprit (dans le genre intellectuel autoproclamé). Que l'auteur expose ses idées politique pourquoi pas ? Après tout, ça peut être intéressant, si, bien évidemment, c'est fait intelligemment, en étant par exemple amené en tant que réflexion ou morale globale du récit (et puis c'est son texte, il y met ce qu’il veut), alors que là… c'est direct, il aurait écrit « j'ai voté pour X au présidentielles » ça aurait eu le même effet. Et ça m’emmerde tellement de développer plus longtemps sur le thème que je vais vite passer au troisième point noir de cette nouvelle, le gore.

Autant, le gore, si c’est bien fait et que ça sert vraiment l’histoire, pas de problème, ça ne me gène pas outre mesure. Dans le cas présent ça sert bien le récit, c’est indéniable, par contre ce n’est absolument pas bien fait. L’auteur s'est contenté de transcrire les trucs les plus dégueulasses et violents que son imagination lui a vomi et c’est attelé à les cracher sur le papier tel quel. Encore une fois, vu le concept derrière c’est totalement justifié, mais faire de la surenchère pour de la surenchère (ça vire un peu trop capitaliste pour un texte légèrement (totalement) coco sur les bords) ça ne sert à rien. Et pour le coup, j’avais l’impression d’être tombé sur un navet de série Z où le scénario se résumerait à : gens, coupés, sexes, sangs, excréments, mutilés, morts. Intéressant n’est-il pas ? Saloper un postulat qui aurait pu être vraiment exploitable pour mettre à tout prix dans des passages tels que : "les couilles sectionnées aux ciseaux de Bidule", "l'anus défoncés à coup de couteau de Machine" ou encore "les quatre membres écorchés jusqu’à l'os de Truc" (rigolez pas, c’est vraiment inspiré de passages du bouquin), ça n’a aucun intérêt. Être trash pourquoi pas, l’hémoglobine ça choc (en théorie), mais là ce n’est pas trash, c’est juste nul et brutal, si ce n’était qu’un passage à la limite, mais toutes les vingt phrases rebelote, on remet ça. Pour le coup, c’était nul.

Bref… celle-ci aurait pu être bien, mais l’auteur se tire une balle dans le pied tout seul, dommage.

04/10

Déflation 2001, de Bob Shaw

[Science-Fiction (Anticipation, Speculative Fiction) | Satire]

La nouvelle suivante, signée Bob Shaw – encore un auteur que je ne connaissais pas – commence fort dès son intro. Nous sommes poussés dans un univers réaliste et convaincant bien que peu abordé ou décrit, la magie opère dès les premières lignes, nous sommes dans quelque chose de palpable, de concret, se basant sur l’époque à laquelle l’auteur écrit – autant dire que ça ressemble énormément au monde extérieur d’aujourd’hui et ça fait du bien après tous ces univers se voulant imaginatifs mais ratés pour la plus part.

Nous sommes ici dans de l'anticipation pure, au sens le plus stricte de la définition du sous-genre, sans ajout dystopique, post-apo ou cyberpunk, juste ce qu’il faut de futurologie mélangée à une satire socio-économique sarcastique et cynique, un cocktail qui s’avale cul-sec avec le sourire.

Le directeur d'une grosse compagnie aérienne doit aller d’un point A (son aéroport d'attache) à un point B (peu importe où, le propos n'est pas là) pour une raison qui le regarde. Il décide d’aller prendre un café au distributeur d'à côté avant son vol et en profite pour écouter deux mecs se plaindre de leurs salaires. Très vite l'on comprend que chacun gagne l’équivalent d’un gros Loto tous les mois mais que personne n’est satisfait, pas seulement les employés de l'entreprise, ces salaires sont apparemment valables pour tous et toutes les tranches sociales. Cependant, personne ne semble satisfait de ce qu’il a et ils passent tous leurs vies à se plaindre et menacer de faire grève toutes les cinq secondes. Est-ce que l’auteur sous-entend que l’être social n’est qu’un connard sans gêne qui ne sait rien foutre de ses dix doigts et qui ne voit jamais plus loin que son nombril ? Ou critique t'il la manière dont les grèves et plus généralement les mouvements sociaux sont fait et on le don de casser les burnes ? Peut-être essaie t'il de montrer de façon détournée que la société de son histoire connaît une vague d'inflation de type « fin du monde » ? C’est peu probable, le titre de la nouvelle annonçant plutôt l’inverse. Impossible d’affirmer avec certitude de quoi il retourne réellement, mais le moins que l’on puisse dire c'est que l'amorce est efficace pour une plongée dans cette nouvelle.

L'ensemble du texte ne s’étale que sur quelques pages, quatre ou cinq, mais – et je le dis tout de suite – il s’agit là, selon moi, d’une des meilleures histoires publiées dans ce numéro 01 d’Univers. En quoi elle est meilleure que les autres vous allez me demander ? Eh bah c’est très simple, les différences principales (elles sont nombreuses, mais faisons simple) sont : l’efficacité, la maîtrise, l’imagination, la force et l’intelligence.

L’efficacité, car en quelques pages on nous emmène dans quelque chose de construit, allant droit à l’essentiel, ne prenant pas de détour inutile et nous conduisant à une chute inattendue mais en logique et adéquation totale avec le récit composé. La maîtrise, car l’auteur fait de son écrit quelque chose de cohérent avec peu d’éléments, il rattache son décor à notre société en prenant des points de repaires simples qui parlent à tous lecteurs tout en proposant un structure narrative très courte mais orchestrée sans anicroche du début à la fin. L'imagination, car retourner un problème de société et en faire son problème inverse en prenant comme principe néfaste la bêtise humaine plutôt que le système et ses dirigeants comme on en a plus que l'habitude aujourd’hui, pour pousser le jusqu'au-boutisme à son paroxysme il fallait trouver le concept, chapeau l'artiste ! La force, car en plus de parler à chacun, le sujet abordé est traité avec une certaine forme d'humour dissimulé qui se stop nette au moment du dénouement pour laisser place à une chute qui en impose en tranchant dans le vif car inattendue et venant avec le rythme de la lecture, sans brutalité syntaxique, seulement la brutalité de la surprise. Et enfin, l'intelligence, car le regard apporté sur le monde que l’on connaît dénote d'un détachement réfléchi, tourné en dérision par un sarcasme quasi invisible mais bien présent, faisant preuve d'un cynisme tapant en énonçant du factuel dans un monde fictif. Du génie !

La longueur du tout se suffit amplement bien que j’aurais préféré en apprendre un peu plus sur les personnages pour que l’on est le temps de s’y attacher, ce qui, je pense, aurait augmenter l’impact de la chute, mais aurait aussi permis de jouer entre les points de vues des divers protagonistes afin de mieux légitimer leurs propos individuels. Mais je ne vais pas me plaindre, c’était vraiment bien ! Ça m'a d’ailleurs donné envie de lire autre chose de l’auteur, en espérant que je tombe sur un de ses ouvrages un de ces jours.

08/10

Moby Aussi, de Gordon Eklund

[Science-Fiction (Post-Apocalyptique, Anticipation) | Philosophie]

Dans un futur où l'humanité a périe, nous suivons le dernier être doué de conscience vivant dans ce bas monde et non ce n’est pas un être humain, mais bien un énorme animal marin, une baleine.

Aux allures contemplatives et mélancoliques, cette nouvelle est une ode à la splendeur de l’âme. Âme, ici montrée comme salopée par la civilisation (on ne peut pas donner tord à l'auteur) dont le dernier témoin nous livre le récit. La baleine nous raconte en effet le périple de sa vie, partant de sa découverte de conscience dans sa prime jeunesse jusqu’au moment où elle décide de léguer son parcours pour sa suite.

Décrivant avec brio les traits de l’humanité, l’écrivain prend ici un regard détaché en se plaçant non pas en narrateur omniscient, comme une prise de distance le voudrait, mais en prenant place à la première personne dans le corps de la baleine. Il est donc l’animal et peut ainsi se permettre de tisser un conte enclin de critique et de rancœur face à ce qu’est l’espèce humaine. Si, bien évidemment, les périples vécus par cette baleine servent l’histoire sans forcément apporter un regard songeur, chacune de ces aventures va pourtant amener à une réflexion sur le monde et c’est la que le narrateur semble intégrer sa critique, mais de façon naturelle, comme-ci elle apparaissait telle une déduction logique suite aux événements présentés.

Un côté quasi Nietzschéen semble se détacher de se texte, pas dans sa forme bien sûr, peut-être un peu dans ses idées de façon très approximative, mais surtout dans sa construction narrative, on pourrait presque y voir un Zarathoustra de la mer, à ceci près que contrairement à ce dernier, notre baleine commence son aventure par la naïveté et va apprendre la dur réalité des choses par l’expérience, sans donner de leçon, juste en les recevant de la part de la fatalité. Bien-sûr, je ne comparerais pas ici les deux œuvres, mais on peut tout de même y trouver se point commun d'un être sortant de son trou pour aller à la rencontre de l’humanité ; Zarathoustra venant leur apporter une vision nouvelle, Moby, la baleine, allant trouver une vision nouvelle.

Une nouvelle vraiment intéressante bien que n’ayant pas eu sur moi l’impact qu’elle aurait dû après sa conclusion. Cependant, elle reste très abordable, très sympathique à lire bien qu’elle ne fut pas transcendante. Si toutes les nouvelles du recueil avait été comme celle-ci je n’aurais rien eu à redire sur la qualité du bouquin car la lecture se serait faite d’une traite et avec un grand sourire. Dommage qu’il n’y en ait que peu des comme celle-ci.

07/10

Ersaz Éternel, de A. E. Van Vogt

[Science-Fiction (Space Opera, SF Religieuse, Anticipation) | Aventure | Suspense]

Cet auteur-ci n’est évidemment pas à présenter. A l'instar de Frederik Pohl plutôt, nous sommes là face à un grand écrivain de SF ayant marqué des générations de lecteurs et influencé bons nombres de romanciers du genre dans les décennies qui lui ont succédées.

Souvent enclin au doute sur la réalité l’entourant, il a régulièrement tenté de faire transparaître l’idée du simulacre dans ses romans – à noter, pour l’anecdote, qu’il est l’un des auteurs de SF ayant le plus influencé Philip K. Dick, mon chouchou. Dans cette nouvelle, il nous dépayse en nous faisant voyager sur une planète étrangère tout en nous ramenant sur Terre en même temps (du simulacre je vous dis !). Trois terriens se sont écrasés sur une planète inconnue donc, alors qu’ils étaient partis pour, à la base, en visiter une autre plus lointaine encore. Le premier de ces personnages est porté disparu, il était censé revenir dans trois heures et les deux autres l’attendent depuis trois jours. Le deuxième semble avoir perdu la boule, paranoïaque et ayant peur de tout, il semble voir des êtres qu’il connaissait sur Terre. Enfin, le troisième, un peu perdu et perplexe face à la situation dans laquelle ils sont tous, décide de partir à la recherche du premier. Marchant des heures durant (peut-être même des jours, ça reste vague) il commence à être prit de visions semblables à celles décrites par le deuxième personnage. Il voit des gens qu’il connaît, plus glauque encore, il se voit lui à diverses périodes de son existence, faire et refaire des choses qu’il a déjà vécu. Peu à peu, il se laisse entraîner, comme les deux autres l’ont fait avant lui, dans ce mirage qui pourrait en vérité se révéler être la réalité. Commence alors autour de lui un processus d’effritement du paysage, le décor devenant petit à petit celui qu'il a connu sur sa planète natale.

Je ne dévoilerai pas beaucoup plus de détail sur la suite du scénario, de peur de gâcher la chute de ce récit qui, bien que partant d’une thématique simple, celle des astronomes perdus sur une planète non-connue, réinvente le suspense propre à se type d’intrigue en y intégrant un élément nouveau et un questionnement philosophique sur l’essence de la mortalité. Le jeu de simulacre mit en place par Van Vogt ici n’est certes pas le plus impressionnant exploité en science-fiction, mais l’impact qu’il provoque sur les protagonistes semble porter une dimension nouvelle sur la nature dont il pourrait se révéler.

Une chouette nouvelle que j'ai apprécié tant dans son déroulement que dans sa conclusion, me donnant envie de me plonger plus en détail dans les œuvres de son auteur.

07/10

Sur le Monde Penché…, de Michel Demuth

[Science-Fiction ( ?? – sûrement…) | Autre… (c’est indéniable)]

Autant j’en ai lu des nullités dans ma vie, autant jamais je n'avais eu tant de mépris pour un écrit.

Je ne connaissais pas Michel Demuth et, jetant un œil à sa biographie, on me le vendit comme un auteur français relativement influent en SF dans les années 70 et 80. C’est donc avec optimisme que je commençais ma lecture, naïf que je suis.

Si au début, j’ai placé la faute sur ma fatigue ou ma concentration, après plusieurs relectures des premiers passages je me suis enfin rendu compte que, non, le problème ne venait pas de moi. Le texte a peut-être été imprimé à l’envers (?) , l’auteur était bourré et son éditeur sous LSD quand ils ont décidés de publier ça (?), il y a plein d’hypothèses possibles, mais je pense qu’une hypothèse ne suffira pas à racheter la nullité de cette chose.

Je vais tenter d’être plus terre-à-terre dans mes propos, bien qu’à mon avis, je vais plutôt devenir acerbe comme rarement j’ai pu l'être envers un écrit…

L'histoire (si il y en a une, je ne l'ai pas trouvée) raconte, enfin je crois, un truc incompréhensible, perdu entre deux phrases obscures écrites dans une langue que seuls quatre ou cinq habitants d'une lointaine planète perdue dans une galaxie vraiment très lointaine parlent entre eux pour ne pas que leurs congénères les bouffent quand ils disent du mal d'eux. Ça n'a ni queue, ni tête, ni rien entre les deux. C’est un peu comme si vous écriviez un roman en faisant un cadavre-exquis défoncés à l'eau de vie la plus dégueulasse et peu cher existante dans le commerce. Ça ne raconte rien et ne veut rien dire. On dirait que l’auteur met bout-à-bout les mots qui lui passent par la tête (ou ses mots préférés – allez savoir…) dans le but de faire un joli listing.

Je vous en mets un passage :

« Un Archange sur le monde penché tenait en son sexe un orage.

Et elle continue dans le passé, là où elle a commencé, ce qui n’est pas évident maintenant. Je l’inscris dans les tissus vivants, dans les muqueuses de celui qui m'emporte. […] »

A noter que cet « Archange » est sans doute le personnage principal de ce texte sans histoire. En effet, c’est le terme le plus employé après les mots « pénis » et « sexe » (non je n’ai pas compté), reste à savoir si l’auteur mettait ces trois termes en corrélation ou s’il s’agissait pour lui de trois personnages à part entière vivant des aventures en parallèles. Quoique, c’est quand-même de drôles de nom pour des personnages…

Allez, je suis gentil, la première citation, tirée de l'intro, pouvant presque donner l’impression qu’il y a vraiment une histoire je vous en mets un autre extrait par pur altruisme :

« […] Et, plus bas…

Un message partit vers la Terre.

Le compte-cœur ronronnait, brûlant.

Et, plus bas…

L'ambassadeur entra en érection.

Tout allait se passer très bien.

Une première fois, l'ambassadeur éjacula dans sa combinaison.

Dans les disques bleus, il y eut deux cailloux roses.

L'extra jaillit vers le contact.

Ses deux aigrettes étaient horizontales. Il semblait pourtant basculer en arrière. Le jabot de cygne était un ventre d'ours polaire. Les ailes lançaient des boucles noires. Deux fers à marquer chuintaient…

Plus bas.

C’était un autre tunnel.

Tout allait se passer très bien.

Une autre esquive.

Reviens. […] »

Vous en voulez une autre ? Mais pour vous servir :

« […] Il nageait dans la graisse des saisons avec des ongles-épées. Il lapait des humeurs et des crocs de cartilage fondaient dans sa bouche féroce emplie de duvet.

Il retrouvait des ailerons pour capoter dans des labyrinthes gluants.

Tout se passait très mal. […] »

C'est beau hein ? Si la démarche était de faire de jolies tournures de phrases rendant impossible la lecture a qui que ce soit, c’est réussi ! Bravo l’artiste ! Mais à part être pompeux et «’tellectuel » il sert à quoi ce tex… truc ? C’est très français remarquez, faire du blabla pour ne rien dire et s'auto-sucer en montrant à quel point l'âme d'artiste en nous sait s’exprimer avec « délicatesse et sensibilité en abordant des thèmes forts et des sous-entendus profonds sur des problèmes et des questionnements essentiels et blablabla… » – branlette. Ça une histoire ? Laissez-moi rire ! Ça n’a rien d’un récit, rien d’une nouvelle, rien de littéraire en fait ! Ce sont juste des mots, assemblés de façon à faire de « grandes » phrases plates, redondantes et vides. Les seules choses que l’on y comprend curieusement c’est quand ça parle de cul, là par contre pas de soucis, même si le principe de mettre toutes sortes de termes qui n’ont rien à voir les uns avec les autres cul-à-cul reste, l’auteur semble d’un coup apte à créer un contenu avec un sens. Je vous laisse en juger par vous-même :

« […] Il sentit un fond de granulés chauds et acides au bout de son pénis. Auparavant, il avait franchi les strates de feuilles lisses et son sexe s’était insinué entre des couches bouillantes, entre danger et plaisir, des collines lampes, des avalanches-lame de rose-lèvres, des lèpres grouillantes.

[…] Son sexe était prisonnier, il claquait en arrière comme un fouet, déformé par le sexe de l'extra. […) »

Cette lecture, en plus d’être un calvaire pour moi (ce n’est que mon avis , soyons bien clair là-dessus) m'a étrangement laissé l’impression que l’on venait de se foutre de moi. J’étais presque en colère, j’ai perdu du temps de vie pour lire ce truc, J'ai Lu devrait presque me filer un dédommagement pour m'avoir priver de ce temps – ils auraient dû mettre un avertissement en début de page, expliquant que le texte était une putain de perte de temps et qu’il ne servait à rien de le lire. Prévenir les lecteurs qu’ils allaient niquer plusieurs dizaines de minutes de leurs existences à essayer de comprendre et de déchiffrer en vainc quelque chose qui n'a aucun sens. Ça aurait été la moindre des choses.

Allez, c’est tellement bien que je vous en remet un petit passage, juste pour le plaisir :

« […] Archange de pénombre suintante, dégoulinant de bonté. Absorbé dans un tumulte.

En cœur avec le bois il rigolait.

Perdu.

Rien n'allait.

Tout était gris d'aura terne.

Quelque part tout bascula.

La lisière du néant tremblait de ne pouvoir atteindre un but plus juste. Rien, si ce n’est ses reins ne semblait fonctionner encore. Le tableau marqué dans ce bois semblait vivant. Il hallucinait.

Non !

Il tombait d'un monde où les créatures jamais n'enlevaient leurs masques de turquoise.

Perdu. La fin arrivait à petit feu.

Sa bonté dégoulinante servait de trépas. Quelle bonté. Mais rien n'allait.

Tombèrent ainsi les arbres sous le poids des âges tendit que dans son cœur la rancœur s’émouvait sans doute, pas un seul. L'ambassadeur cria à l'extra une prose sans rime aucune. Ensemble ils rigolaient.

Rien n'allait. […] »

On y croirait presque hein ? Tellement c’est beau. Mais non, malheureusement cette dernière citation est de ma pure invention, désolé, ça ressemblait pourtant non ? Je suis au moins aussi doué que l’était l'auteur vous ne trouvez pas ?

Sans blague… et dire que je perd encore mon temps à écrire sur cette merde, je me demande parfois comment j’en arrive là…

00/10 (Et je suis gentil) !

L'Herbe du Temps, de Norman Spinrad

[Science-Fiction (Anticipation, Voyage dans le Temps)]

Encore un romancier connu pour cette petite histoire déboussolante prenant place dans un futur quelque peu éloigné (par rapport à son année de rédaction) où un homme nous raconte son étrange existance constituée d'un destin pré-écrit du quel il ne peut s'échapper. Interné très jeune dans un asile pour déficiences schizophrénique, il s’avère en réalité doué d'une forme de précognition. Une vision récurrente de sa très jeune enfance a très vite virée pour lui à l’obsession, fin du monde oblige.

En effet, dans sa prémonition, le jeune voyait une mission spatiale revenir sur Terre après une excursion sur un système où la vie (animale et végétale) s’était développée. Dans leurs bagages, les astronautes ramenèrent une plante qui causerait en quelques années la fin de la civilisation telle qu’on la connaît. Cette vision il l'a jeune, parce que justement, plus tard dans sa vie, il a consommé cette fleur alien qui lui a fait goutter à une sorte d'omnipotence temporelle à l’échelle de sa durée de vie, de sa naissance à sa mort. Devenant en quelques sortes spectateur de sa propre existence car sachant à la fois le passé, le présent et le futur déterminés pour lui. Chose qui reste inchangée pour l’éternité, il est prisonnier de cette temporalité tel le personnage d’Un Jour Sans Fin mais non pas à la l’échelle d'une journée, mais bien d'une vie.

Un concept intéressant, bien pensé et plutôt bien amené. L'histoire se lit d’elle-même bien qu’elle ne soit pas la plus palpitante de toutes, elle a au moins le mérite d’être divertissante et de se laisser agréablement lire du début à la fin. Je regrette malgré tout le manque de chute qui aurait permis de graver un peu ce texte dans la mémoire après lecture.

Je ne sais quoi apporter davantage sur cette nouvelle. Comme je l’ai dis elle suit son court de la première à la dernière ligne et c’est le minimum que j'attends de la part d'une œuvre littéraire, ce qui est un bon point après la déception du texte lui faisant office de prédécesseur dans ce recueil. De plus, les détails trouvés par l’auteur pour expliquer son postulat sont plutôt convaincants quand on se prête au jeu du personnage et que l’on rentre dans le scénario. L’ensemble est donc sympathique, certes pas passionnant, mais ça reste intéressant.

06/10

Le Défi de l'Au-Delà, de Catherine L. Moore, Abraham Merritt, H. P. Lovecraft, Robert E. Howard et Frank Belknap Long Jr.

[Science-Fiction (SF Horrifique) | Thriller (Thriller Horrifique) | Suspense | Horreur (Sf Horrifique, Thriller Horrifique, Épouvante) | Action]

Une idée très intéressante que celle de cette nouvelle. Cinq auteurs devant la coécrire en reprenant le récit là où son prédécesseur l’a laissé, l'ordre de passage étant celui que vous pouvez lire ci-dessus. Et le panel n’est pas des moindres, plusieurs auteurs de référence, tous ayant commencés leurs carrières avant la seconde guerre mondiale.

Un géologue en vacances fait une étrange découverte au pied de sa tente. Une pierre taillée d’origine douteuse contenant une incroyable machine en son sein. Celle-ci va peu à peu révéler ses secrets en réveillant la mémoire de son découvreur avant d’aspirer son esprit et de le téléporter dans un corps alien quelque part dans une galaxie dont l’humanité ignore tout.

Un bref résumé qui je pense suffira pour expliquer les grandes lignes tout en gardant assez de mystère pour ne gâcher aucun plaisir de lecture. Car je pense, et l’affirme, cette histoire est sûrement la meilleure du bouquin. Parce que ce qui fait sa force c’est le travail collectif qu’elle a nécessité ; cinq auteurs rebondissant tour à tour sur l’idée que s’est faite la personne passant avant elle du scripte, cela donne des rebondissements très imaginatifs permettant de surprendre le lectorat à chaque fois de part les différentes directions que prend le scénario dès qu'un changement de romancier s'opère.

Allant donc de surprise en surprise, le ton, le rythme, la tournure des évènements en sont chamboulés. Chaque apport entre en corrélation avec ce qui a été précédemment inventé, et les renversements donnent l’impression que rien ne se passe comme on essaie de l’anticiper à la lecture. On est alors comme prit dans le jeu, découvrant une vision nouvelle dès qu'un écrivain laisse sa place à un autre. C’est vraiment très entraînant, et la lecture s’enchaîne à une vitesse folle tant on est absorbé par la puissance qu’apporte chaque souffle nouveau au tout.

Rebondir sur un support déjà existant et le poursuivre paraît être ici la clef d'un bon récit, bien sûr il n'est pas parfait, l’action se déroule rapidement du fait de la courte durée de l'ensemble, mais l’intention est bonne, originale. Ça se laisse lire avec plaisir et le suspense monte crescendo. Le côté horrifique qui tente de s’imposer comme l’essence même de l’histoire a par contre perdu la force qu’il devait avoir à l’époque de sa publication originale et c’est là à mon sens, le plus gros bémol. Bien que la lecture soit très abordable, que le pitch soit bien pensé et vraiment ancré dans une tradition de la SF à aliens sans tomber pour autant dans une caricature, le frisson n’est pas au rendez-vous, les périples du personnage ont beaux être intrigants, on a beau vouloir savoir ce qu’il va se passer, les cinq pattes ont beaux faire un super taf, le côté épouvante passe tout de même à la trappe, ceci étant certainement dû au décalage générationnelle et n'enlève évidemment rien à la nouvelle, mais laisse tout de même une légère note de manque.

Pour finir sur cette dernière nouvelle, notons qu’il s’agit là d’une histoire avant tout, qu’aucun sous-entendu ou idée philosophique n’est abordé. Il s’agit simplement d’une histoire comme on ne sait plus en faire et cela me va bien pour clore ce petit bouquin. De toute manière, comment concilier cinq points de vues, cinq façons de penser différentes ? Ce n'était évidemment pas l'intention et c’est tant mieux. Lovecraft lui-même n'a fait que des contes de ce genre, pas besoin d'un message quand on veut raconter une bonne histoire, on est ici en présence d'un bon exemple de cette manière de faire.

08/10

En conclusion ?

Un résultat très mitigé, avec de bonnes choses certes, mais de (vraiment) très (très) mauvaises en même temps. Ajoutons à cela, et je n’en ai pas parlé jusqu’ici pour ne pas faire encore plus masse que le bloc de béton que je viens de taper, que la traduction est à chier. Ce n’est pas pour être méchant que je dis ça, mais simplement chercher à imposer sa patte sur tout, ne fait que dénaturer les œuvres originales. Ça se sent que c’est la même personne qui a tout traduit, je ne vais pas juger son travail, chacun gagnant son pain comme il peut, mais par contre le résultat je n’hésiterai pas tant il casse le rythme de lecture et fatigue la tête en ajoutant tous les trois paragraphes des énumérations inutiles entre autres appositions trop marquées. Mais bref… passons. Bien-sûr, la démarche en elle-même me plaît énormément, ce genre de concept n’existant quasiment plus de nos jours, peu voulant encore se mouiller en publiant de la presse (je crois d'ailleurs que seul Bifrost existe encore dans le genre, et encore, il me semble que sa publication est en magasin plutôt qu’en kiosque – en tout cas je ne l’ai jamais vu en rayon d'une presse (à vérifier tout de même)).

Univers n°01 aura tout de même eut le mérite de me divertir un minimum et de me faire découvrir de nouveaux auteurs. Facile à trouver d'occasion à des prix que l’on peut presque qualifier d'imbattables, je vous le conseil tout de même si vous tombez dessus au détour d'une bouquinerie. Bien qu’il ne soit clairement pas indispensable, certaines des nouvelles présentes ici méritent tout de même d’être lues.

Verdict : 3+7+2+4+8+7+7+0+6+8=52 | 52÷10=5,2 ; soit 05/10 à l'arrondi le plus proche.

ubik48
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le 5 nov. 2023

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