C'est magistral !!! Un roman toujours d'actualité qui fusille les bien pensants. Mais, oser l'écrire en 1948 était encore plus courageux. Marcel Aymé condamne l'épuration en bouffonnant tous les acteurs de cette sale période.
Chaque personnage est un reflet de cette époque. Jourdan, le lâche et haineux intellectuel communiste. Rochard, le communiste méchant et idiot. Gaigneux, le communiste idéologiste. Archambaud, le lâche bourgeois qui retourne sa veste. Léopold, le naïf cafetier apolitique, alcoolique et gueulard. Maxime Loin, le collabo par conviction. Monglat, le collabo par opportunisme vénal. Et bien d'autres supporters de De Gaulle ou Thorez, après avoir acclamé Pétain.
Tout ce beau monde se trompe, se haï, se dénonce et se déchire.
Et au milieu, Watrin qui contemple la nature et s'étonne de toute cette vitrine de lâches et de haineux revanchards de la dernière heure.
Marcel Aymé dénonce ce besoin systématique communautarisme de se cataloguer politiquement, et d'en punir l'autre camp. Défini à son insu comme un anarchiste de droite (comme Céline), il est simplement comme Watrin, contemplatif de la connerie.