Fascinante, ô combien fascinante Joyce Carol Oates ! Quelle puissance se dégage de son écriture à la fois si évidente et si violente. Chez peu d'autres auteurs, j'ai rencontré une telle connaissance de la psychologie humaine, une telle minutie dans la descriptions de l'american way of life, une telle densité dans l'évocation narrative - quasi palpable -, enfin une telle maîtrise stylistique.
C'est sans doute la raison pour laquelle je suis toujours effrayée avant de me lancer dans un tome de Joyce Carol Oates, tenaillée entre appréhension, répulsion et fascination ; je crois pouvoir dire que Joyce Carol Oates devient pour moi au fil des ans une sorte de drogue terriblement indispensable et terriblement dangereuse pour mon âme romanesque.
J'ai littéralement été happée par ce recueil de nouvelles (je m'attendais en fait à un roman), toutes plus (sur)prenantes les unes que les autres. L'aura de l'auteure est si puissante (alors que je n'ai lu jusqu'à présent qu'une demi-douzaine de ses publications, innombrables) qu'elle enveloppe derechef le lecteur dans son univers pour lui imprimer sa marque de façon quasi indélébile.
Les nombreuses nouvelles de "La vallée de la mort" ont toutes un point commun : la violence ordinaire. Joyce Carol Oates s'applique dans chacune à mettre en évidence le moment précis où tout bascule, ce qu'on nomme "la perte de contrôle", quand la situation dérape, qu'on franchit le point de non-retour, quand les rails de sécurité et les repères s'effacent pour laisser l'individu seul et nu face à l'adversité d'un monde dépouillé d'empathie. Elle décortique avec virtuosité cette perte de maîtrise qui effraie l'homme dit civilisé par-dessus tout.
C'est dur, c'est violent, c'est perturbant, c'est du Joyce Carol Oates.