Allez (encore) vous faire foutre, Miranda Priestly.
Le Diable s’habille en Prada était une vraie merveille. Il nous racontait l’histoire d’Andrea Sachs, Andy pour les intimes, étudiante un peu niaise, qui vient d’être engagée dans LE magazine le plus prestigieux du monde de la mode, Runway, tenu par une femme des plus célèbres, Miranda Priestly. Ecrit à la première personne, il nous montrait la longue descente aux enfers d’Andy, comment elle essaie de résister à l’univers de Runway, sa mode, son anorexie autant physique que mentale, et aux caprices de son influente patronne qui lui fait faire tout ce qu’elle veut, parce qu’après tout, « des millions de filles se damneraient pour être à sa place ». Elle décide finalement de plaquer là sa patronne après un magnifique « Allez vous faire foutre » qui a peut-être été mon passage préféré du bouquin. Et pourtant, ce bouquin est drôle. Très drôle. Même si ça va de plus en plus mal dans la vie d’Andy, même si sa patronne est très clairement une sale conne cruelle et inutilement méchante, c’est vraiment très drôle.
Et dix ans plus tard, nous retrouvons Andy, trentenaire, fraîchement mariée, et là ça devient franchement plus chiant. Alors que le premier tome était tordant, celui-là est franchement décevant. Le passage à la troisième personne n’aide plus autant à rentrer dans l’histoire, puis alors qu’on nous vend un peu de rêve en nous disant dans le résumé que Miranda Priestly revient pourrir la vie d’Andy, c’est juste un gros mensonge. En effet, si la grande patronne veut bien racheter The Plunge, le magazine de mariage qu’Andy tient avec Emily, sa collègue et ancienne assistante senior de Miranda, elle n’est qu’à peine évoquée dans le livre, juste quelques fois, quand Emily veut obliger Andrea à prendre une décision, cette dernière la repoussant sans cesse avec des excuses parfois minables. De même, elle n’apparaît réellement qu’à de rares fois, ici à un dîner, là dans un match en tant que spectatrice, et c’est tout. Oui, c’est tout ! Miranda Priestly, qui est sensé être le cauchemar d’Andy, la grande méchante du livre, n’a qu’un rôle de figurante effacée qui se fond dans le décor. Parce que le bouquin ne parle que d’Andy. Le mariage d’Andy, la grossesse d’Andy, le bébé d’Andy, les problèmes d’Andy … Et Miranda ? Bah elle peut aller se faire foutre. Encore.
En plus de ça, elle semble ne même pas avoir compris la leçon. Elle part endettée de chez Runway, elle décide de retourner à une vie simple et tranquille, et voilà qu’on la retrouve à la tête d’un magazine très branché sur le mariage, elle-même mariée à un riche héritier, trentenaire snob et pleine de fric, qui fréquente assez régulièrement un groupe de paroles pour jeunes mamans. C’est encore plus décevant que le reste, qu’elle ait oublié d’où elle vient, et toutes ses belles promesses de la fin du premier tome. N’essayez pas de me faire croire que le fait qu’elle parle pipi caca avec d’autres mamans tout en continuant à bouffer ce qu’elle veut sous le regard accusateur d’Emily la fait rester proche de ses valeurs. La seule qui en est restée proche, c’est vraiment Emily. Toujours aussi snob, accro à la mode, et pleine d’admiration devant Miranda Priestly.
En définitive, ce livre m’a énormément déçue. C’est vraiment écrire une suite histoire d’amasser beaucoup de pognon, et pas pour raconter la suite de la vie d’Andrea Sachs. Si vous cherchez quelque chose de drôle à lire, achetez plutôt le premier tome et abandonnez l’idée de claquer du pognon pour celui-là. Il ne vaut vraiment pas le prix qu’il coûte, c’était même assez honteux de le proposer sur le marché.