Verre cassé est le nom du narrateur de ce roman. Ancien instituteur mis à pied à cause de son alcoolisme et de ses méthodes d'enseignement peu orthodoxes, chassé de chez lui par sa femme, il a trouvé refuge dans le " Crédit a voyagé", un bar de Brazzaville tenu par son ami où il passe ses journées à boire et observer les autres. Le patron lui donne un jour une mission, celle d'écrire un journal sur la clientèle du bar afin de rendre celui-ci immortel.
S'en suivent des portraits de personnages tous aussi rocambolesques les uns que les autres, des descriptions burlesques complètement délirantes et jubilatoires.
Puis Verre Cassé en vient tout naturellement à parler de lui-même, de sa vie et des évènements qui l'ont amené à cet état de décrépitude .
Le style employé par l'auteur est déconcertant pendant les premières pages: pas de ponctuation hormis les virgules, les phrases s'étirent et je me suis surprise à lire pratiquement en apnée. Mais on s'y fait très vite et ce procédé d'écriture apporte certainement un plus au récit.
Le texte fait allusion à de nombreuses oeuvres littéraires dont les titres s'intercalent au milieu du récit: une sorte de jeu de piste pour le lecteur.
Mais Alain Mabanckou ne fait pas que jouer avec les mots, il égratigne au passage le monde politique, la religion, la France colonialiste et une certaine littérature.
En un mot, j'ai passé un excellent moment de lecture, éclatant de rire parfois. Je ne connaissais cet auteur que par ses passages à la télévision qui m'avaient séduite à chaque fois. Son écriture est à son image: vivante, truculente........