Alors qu’une sonde robotisée se pose sur Mars, prélude à une première mission habitée vers la planète rouge, Elma York embarque à bord de la navette qui la ramènera sur Terre après une affectation de trois mois sur la Lune. Mais le retour ne se passe pas comme prévu : un groupe de terroristes appartenant au mouvement Earth First profite de l’atterrissage en catastrophe du vaisseau pour prendre l’ensemble des passagers en otage. Leurs revendications sont simples : l’arrêt de la conquête spatiale et la réaffectation du budget à la survie sur Terre. La Lady Astronaute parviendra-t-elle à leur faire entendre raison et, surtout, réalisera-t-elle son rêve : fouler, un jour, le sol martien ?


Vers Mars, après un début intéressant, reprend rapidement les traces de son prédécesseur, Vers les étoiles. C’est-à-dire qu’il ne se passe pas grand chose.


Tout d’abord, l’uchronie ne sert toujours à rien ou presque. Tout au plus la chute de météore à laquelle on assiste dans les premières pages du tome précédent permet-elle d’avancer le programme spatial de quelques années, et de le placer dans le cadre d’une coopération internationale. Tous les éléments potentiellement intéressants sont traités de manière superficielle en toile de fond. L’absence de consensus sur la nécessité de quitter la Terre aurait pu donner lieu à des développements intéressants sur les débats scientifiques, la traduction politique des désaccords, la désinformation, la difficulté de convaincre la population d’un fait scientifique, les formes violentes de désobéissance civile et des dizaines d’autres aspects. Ici, rien, la question est évacuée en un paragraphe dans le premier tome, et dans le présent volume, il ne reste que quelques excités, vaguement terroristes, qui ne servent qu’à faire avancer un peu le récit quand on en a besoin. La prise d’otages au début du livre dure exactement 22 pages, c’est à peu près le seul moment où il se passe quelque chose? Cet épisode pourrait servir à développer les motivations des preneurs d’otage, les conséquences de la chute du météore sur les populations, la colère provoquée par le budget des expéditions spatiales, la défiance vis-à-vis des scientifiques, mais non, ces sujets sont à peine survolés et puis on reprend les thèmes habituels du premier tome.


En premier lieu, les affres psychologiques de l’héroïne, Elma York. Elma se sent coupable de tout, tout le temps. Elle a du mal à trouver sa place en tant que mathématicienne puis en tant qu’astronaute, dans ce monde si masculin. Elle a dû subir brimades, vexations, mépris, tout au long de sa carrière. Largement développé dans le premier tome, cet aspect est repris ici sans éclairage, dimension ou développement supplémentaires.


Elma est juive, ça semble important vu qu’elle le répète toutes les trois pages, quand elle ne parle pas en hébreu ou en yiddish. Selon elle, ça explique pourquoi elle se sent tout le temps coupable. Ah oui, quand elle est énervée ou inquiète, elle doit absolument cuisiner des tartes. On dirait Apollo 13 réalisé par Woody Allen.


Autre grand thème du livre, les discriminations. Déjà dans Vers les étoiles, on était un peu surpris de voir qu’Elma semblait découvrir les discriminations raciales de l’Amérique des années 50. Dans Vers Mars, 5 ans plus tard, Elma tombe toujours des nues quand on lui montre des discriminations évidentes, toujours les mêmes, envers les mêmes personnes, dans les mêmes circonstances. Elma est très lente à la détente. Quant aux discriminations en question, navette spatiale en route vers Mars ou motel perdu en Alabama, même combat : les femmes à la cuisine et les Noirs au nettoyage des toilettes. Apparemment, il n’était pas possible de faire plus caricatural. Ah si, il y a aussi un Sud-Africain blanc qui veut des toilettes séparées pour les Noirs et les Blancs dans la navette spatiale et qui ne veut pas toucher la nourriture si un Noir a touché l’assiette avant.


Enfin, les péripéties liées au voyage vers Mars : une panne par-ci, un microbe par-là, certains ne survivront pas au voyage mais honnêtement, on n’est pas vraiment ému tant on a du mal à s’attacher aux personnages, à l’exception de Stetson Parker, qui gagne en subtilité dans ce second tome (et c’est bien le seul).


Bref, c’est plat, c’est mou, ce n’est pas vraiment mauvais mais on attend désespérément le sense of wonder, n’importe quoi, un mystère, de l’inconnu, quelque chose d’inattendu, du suspense, on ne demande pas un monolithe ou une base alien à l’arrivée sur Mars, ni même un paradoxe temporel lié à l’uchronie ou la disparition d’un membre d’équipage. À ce niveau d’ennui, même un message de John Lennon sur le téléscripteur ferait l’affaire.


Mary Robinette Kowal : Vers Mars – 2018


Originalité : 1/5. Le premier tome n’était déjà pas très original, que dire de celui-ci… À l’origine, ils ne formaient qu’un seul roman, divisé en deux par l’éditeur.

Lisibilité : 3/5. À ce niveau, ça reste agréable, même si on se demande pourquoi on nous inflige le texte original des messages codés entre Elma et son mari…


Diversité : 1/5. C’est loin, Mars. C’est long, comme voyage. Très long.


Modernité : 3/5. Beaucoup d’aspects auraient mérité un meilleur traitement, en faisant des parallèles évidents avec la crise climatique.


Cohérence : 2/5. Entre les personnages caricaturaux et les lieux communs de tous les road trips, c’est compliqué.


Moyenne : 4/10.


A conseiller si vous avez vraiment vraiment adoré le premier tome.


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OliDup
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le 2 févr. 2024

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