Pas un livre d’Histoire, un roman

Jean de Joinville (1224-1317), sénéchal champenois, livre ses chroniques sur la vie de Louis IX (futur Saint Louis) dont il a été le conseiller, l’ami et le confident.

Pas d’analyse historique (par manque de recul évident, Joinville se situe dans l’action quotidienne), mais un témoignage poignant portant sur la croisade de 1248, qui fût un échec, mais aussi sur le mode de gouvernement du Roi en France : sens de la justice, de l’Etat et de l’intérêt général, piété (extrême), simplicité, aumônes et donations, sobriété du monarque - vestimentaire et comportementale, lutte contre la corruption, recherche de la paix entre les barons, font l’admiration de Joinville et permettent de sortir des clichés – bon et mauvais – que nous pouvons avoir sur ce roi illustre.

Le roi se révèle être un excellent politique, donne de sa personne, dicte ses ordonnances, met en place les structures permettant leur application, le tout avec calme et détachement : son prestige fait de lui le recours préféré des adversaires en quête d'arbitrage et son action va s'étendre dans toute la Chrétienté, dont il devient l'apaiseur.

Les chapitres sur la croisade sont plus sombres : elle fut dirigée contre l'Égypte, le roi de France prit Damiette, et remporta même un avantage à la Massoure en 1250; mais, la peste s'étant mise dans son armée, il fut contraint de reculer devant l'ennemi, et fut lui-même fait prisonnier. Il racheta chèrement sa liberté, passa 4 ans en Palestine, occupé à fortifier quelques places, et revint en France en 1254, après la mort de la reine Blanche de Castille, sa mère, qu'il avait instituée régente. De retour en France, Saint Louis se préoccupe du sort des chevaliers blessés, en particulier des aveugles, pour qui il fonde, à Paris, un hôpital spécialisé toujours en activité aujourd’hui : l’hôpital des Quinze-Vingts.

Le style de Joinville est fluide et direct, les propos les plus édifiants du roi sont rapportés avec précaution et nous permettent une plongée directe dans ce 13ème siècle si contrasté.

Témoignage à lire donc, et à relire, pour peu qu’on ait un minimum d'intérêt pour l'Histoire de France.