Vies imaginaires par LeChiendeSinope
Schwob l'explique lui-même dans sa préface : les biographes se prennent trop souvent pour des historiens. L'art de la biographie consiste justement en la sélection, le choix. Le choix de la vie à traiter, tout d'abord, et le choix dans la manière de la traiter. Ici, Schwob choisit des personnages pour la plupart assez méconnus, brode sur leur existence à partir de sources parfois très minces. Borges, d'ailleurs grand admirateur de Schwob, imaginait des millions de biographies d'un seul homme, chacune s'axant sur un trait particulier : les méfaits qu'il a commis, le détail de ses rêves... Dans les Vies Imaginaires, il n'est nullement question d'exhaustivité (la plupart des biographies ne font que trois ou quatre pages), mais plutôt d'anecdotes, de récits poétiques, de traits de caractère. En ce sens, Schwob se rapproche plus de Diogène Laërce, qu'il cite d'ailleurs dans la préface.
Vingt-trois vies, donc, classées par ordre chronologique, de la plus haute Antiquité jusqu'au monde contemporain. On y voit défiler Empédocle, le Cynique Cratès (disciple de Diogène), Pocahontas, mais aussi quelques oubliés de l'histoire, connus seulement des érudits les plus acharnés de l'histoire.
L'écriture se veut très poétique, et en même temps très détachée. Il ne faut pas lire ces courts récits comme des nouvelles, mais plutôt comme des poèmes en prose laissant vagabonder le lecteur dans une époque à chaque fois différente. On ressort de chacune de ces vies un peu frustré, un peu ému, un peu triste. Car au bout, c'est la mort, parfois mystérieuse, parfois divine, parfois brutale.
La lecture de ces Vies pourra paraître vaine, car le lecteur comprendra le concept et sa finalité en ne lisant que la première, moi je me suis pris à rêver à un exemplaire énorme comprenant des milliers de vies, toutes placées à égalité, d'Empédocle jusqu'à moi...