Pour celles et ceux qui s'intéressent de près ou de loin au côté sombre, voire crasseux du cinéma américain, ce conseil de lecture d'un essai que j'ai dévoré tellement il déploie son érudition à travers les siècles, partant d'un certain Samuel Brannan qui créa les premières milices citoyennes de "vigilante" dans un far-west livré à toutes les engeances jusqu'aux harangues douteuses d'un président à perruque orange proposant le port d'armes pour les enseignants afin de parer à d'autres Columbine.
Au cinéma, cela part des personnages vengeurs incarnés par Randolph Scott dans les westerns de Budd Boetticher, de John Wayne dans LA PRISONNIERE DU DESERT ou LIBERTY VALANCE jusqu'aux héros masqués, Batman en tête, qui font régner la loi et l'ordre en grillant les feux rouges du code civil.
VIGILANTE, LA JUSTICE A HOLLYWOOD de Yal Saddat ne passe pas à côté, bien entendu, de l'inspecteur Harry et de son "alter" incarné par Charles Bronson dans la série des DEATH WISH. Sur ce film, Saddat déploie d'ailleurs une réflexion passionnante sur le travail de mise en scène de Michael Winner qui en fait plus une fable cynique sur la schizophrénie patente du personnage vengeur, qui se rêve en justicier de l'Ouest, qu'une vulgaire semonce fascisante sur la justice expéditive au nom de la liberté. Une folie qui culminera bien évidemment dans le TAXI DRIVER de Scorsese.
Un livre qui donne envie de revoir certains films honnis, d'en découvrir d'autres (qui a vu BILLY JACK de Tom Laughlin, JUSTICE SAUVAGE de Phil Karlson ou JOE de John G. Avildsen ?), une lecture que je recommande tant il éclaire sur les mentalités de l'Amérique d'hier et d'aujourd'hui.