Chute d'une grande maison
La littérature libanaise contemporaine ne déçoit (presque) jamais. Ce petit pays est riche de romanciers hors pair, qu'ils écrivent en arabe ou en français, qui s'y entendent pour raconter leur...
le 4 janv. 2017
2 j'aime
La littérature libanaise contemporaine ne déçoit (presque) jamais. Ce petit pays est riche de romanciers hors pair, qu'ils écrivent en arabe ou en français, qui s'y entendent pour raconter leur territoire à travers des fresques historiques qui n'oublient jamais d'y mêler de complexes noeuds familiaux. En un an, sur l'étal des librairies, se sont succédé Hanan el-Cheikh (La maison de Schéhérazade), Rabee Jaber (Les druzes de Belgrade), Jabbour Douaihy (Le quartier américain) ... Et voici le retour de Charif Majdalani qui, après Le dernier seigneur de Marsad, poursuit dans une veine semblable avec Villa des femmes. A nouveau, il y est question de la splendeur puis de la déchéance d'une ancienne famille libanaise qui va péricliter après la mort du patriarche. Une chute qui coïncide avec les guerres qui ensanglantent le pays au début et au milieu des années 70. Outre l'écriture imagée et lustrée de Majdalani, le récit gagne en profondeur par la position du narrateur, sorte d'homme à tout faire de la grande maison, témoin et complice, souvent malgré lui, des faits et gestes de ses habitants. Une fois le pater familias décédé, tout va partir à vau l'eau par la faute d'un fils aîné dispendieux et jouisseur alors que le cadet parcourt le monde. Oui, mais il reste les femmes. Et celles-ci vont résister, face à la ruine qui menace et contre les miliciens qui rôdent en plein conflit. Cette Villa des femmes est pourtant composée de figures très contrastées qui se haïssent pour certaines mais leur dignité dans l'adversité est admirablement décrite par la plume de l'auteur. Le narrateur, lui, pourtant bouillonnant de désir, est contraint de jouer un rôle d'eunuque, protecteur assez maladroit de ce gynécée turbulent. Majdalani trace des portraits féminins complexes avec une empathie et une tendresse qui ne laissent cependant pas dans l'ombre les défauts et la dureté de ses personnages qui se révèlent bien plus solides et fiables que les hommes qui les entourent ou les défient. Ce conte oriental moderne est l'une des plus belles pépites de la rentrée littéraire.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 4 janv. 2017
Critique lue 320 fois
2 j'aime
D'autres avis sur Villa des femmes
La littérature libanaise contemporaine ne déçoit (presque) jamais. Ce petit pays est riche de romanciers hors pair, qu'ils écrivent en arabe ou en français, qui s'y entendent pour raconter leur...
le 4 janv. 2017
2 j'aime
Du même critique
Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...
le 28 mai 2022
79 j'aime
4
Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...
le 25 août 2021
79 j'aime
5
Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...
le 25 sept. 2021
72 j'aime
13