Vipère au poing
6.8
Vipère au poing

livre de Hervé Bazin (1948)

Un livre écrit dans un français absolument superbe, traduisant à merveille une progression, un basculement, inédit et sans équivalent dans la littérature, de son narrateur à travers un monde fait de cruauté, de haine mutuelle, de colère intérieur.
C'est le récit d'un affrontement, plus que contre une mère, contre soit même. C'est la métamorphose du fils qui se reconnaîtra, petit à petit, dans un visage qu'il haï, et qui fera paradoxalement sa fierté. Ainsi la dernière phrase, magnifique et triomphante, du roman, semble sonner comme la fin temporaire d'un combat qui est parti d'une personne pour devenir un combat contre chaque chose du monde, tenu par cet être devenu misanthrope et détestable, puisque ce fut sa seule solution. Bazin orchestre une histoire qui échappe à tout les genres, qui n'appartient qu'à lui, vivant par les mots la colère d'une enfance gâchée, que le monde des adultes aura - hélas ! - accueilli avec la plus grande des considérations. C'est le triste et métaphorique constat - plus que message - du livre, son regard impuissant sur ces vipères agiles, prêtes à pourrir la vie de leurs enfants puisque les êtres vivants sont après tout nés pour cela, qui serpentent loin devant eux sur le chemin du destin, là pour les mordre à moindre écart, et surveiller, avant tout, la naissance d'écailles semblables aux siennes sur leur peau, qui sera, ou deviendra, à jamais, celles des vipères elles-mêmes.
B-Lyndon
7
Écrit par

Créée

le 5 mai 2013

Critique lue 3.9K fois

18 j'aime

B-Lyndon

Écrit par

Critique lue 3.9K fois

18

D'autres avis sur Vipère au poing

Vipère au poing
B-Lyndon
7

Tuer la mère

Un livre écrit dans un français absolument superbe, traduisant à merveille une progression, un basculement, inédit et sans équivalent dans la littérature, de son narrateur à travers un monde fait de...

le 5 mai 2013

18 j'aime

Vipère au poing
JeanG55
9

Je suis celui qui marche une vipère au poing

Quand je pense qu'il m'a fallu attendre l'âge de 25 ans (environ – ce qui est sûr, c'est que je travaillais alors et allais être père) et une opération de fouinage chez un bouquiniste, pour découvrir...

le 19 juin 2023

9 j'aime

13

Vipère au poing
Marine_Gicquel
10

virulent

L’histoire d’Hervé Bazin m'a appris combien l’amour d’un parent est primordial pour le développement personnel, émotionnel et psychologique d’un enfant. Par l'histoire de sa vie, il partage avec nous...

le 6 mai 2014

9 j'aime

Du même critique

The Grand Budapest Hotel
B-Lyndon
4

La vie à coté.

Dès le début, on sait que l'on aura affaire à un film qui en impose esthétiquement, tant tout ce qui se trouve dans le cadre semble directement sorti du cerveau de Wes Anderson, pensé et mis en forme...

le 3 mars 2014

90 j'aime

11

A Touch of Sin
B-Lyndon
5

A Body on the Floor

Bon, c'est un très bon film, vraiment, mais absolument pas pour les raisons que la presse semble tant se régaler à louer depuis sa sortie. On vend le film comme "tarantinesque", comme "un pamphlet...

le 14 déc. 2013

80 j'aime

45

Cléo de 5 à 7
B-Lyndon
10

Marcher dans Paris

Dans l'un des plus beaux moments du film, Cléo est adossée au piano, Michel Legrand joue un air magnifique et la caméra s'approche d'elle. Elle chante, ses larmes coulent, la caméra se resserre sur...

le 23 oct. 2013

80 j'aime

7