Virgin Suicides (1993), de Jeffrey Eugenides raconte l’histoire d’une fratrie (lol vu que ce ne sont que des girls mais que je ne trouve pas l’équivalent féminin ; des suggestions ?) dont chacune des filles va se suicider. Ces événements vont pousser un groupe de garçons du quartier à réunir tous les éléments possibles (journal intime, témoignages, photos, souvenirs, rapports médicaux, musiques) pour essayer de toucher au plus près ces êtres adolescents et de comprendre les raisons de leur acte. Aucune réponse tranchée mais de véritables réflexions autour de la féminité, de l’adolescence, du suicide et de la bourgeoisie du Michigan dans les années 70. Je reconnais que le fait que l’auteur soit un homme me faisait craindre des clichés sur l’adolescence telle que vécue par des jeunes filles. Finalement des clichés, il y en a mais ils ne m’ont pas gênés car je n’ai pas eu là sensation qu’ils résultaient d’une perception biaisée de l’auteur ; ils semblent au contraire servir volontairement le propos du livre en reflétant une fascination née de préjugés dans l’esprit des garçons à l’âge de leurs premiers émois.
Nous savions, enfin, que les filles étaient en réalité des femmes déguisées, qu’elles comprenaient l’amour et même la mort, et que notre boulot se bornait à créer le bruit qui semblait tant les fasciner.
J’ai beaucoup aimé la forme du roman qui s’apparente à une longue déposition. Le « nous » du narrateur donne du corps à l’histoire en s’inscrivant dans un collectif traumatisé. Petit ovni littéraire par l’ambiance à la fois lascive et morbide qu’il crée, je remercie mon ami @ruptureconventionnelledelaorte de me l’avoir prêté et de m’avoir, par la même occasion, réconcilié avec le film de Sofia Coppola !