Cette troublante et délicate histoire de cinq sœurs est racontée par les garçons qui vivaient dans leur rue et qui étaient fascinés par elles. A travers leurs souvenirs et les témoignages de personnes qui les ont brièvement connues, ils essaient de retracer la dernière année de leur vie et de comprendre ce qui les a amenées à se suicider.
Nous-mêmes, lecteurs, n’auront jamais une réponse précise à cette question, seulement des indices et des suppositions. Ces jeunes filles restent un mystère pour les garçons et l’auteur ne nous permet pas de les connaître davantage qu’à travers leurs yeux. Le narrateur écrit à propos de Cecilia, la plus jeune, qu'elle « gardait le visage baissé, se déplaçant dans son oubli du monde, les tournesols de ses yeux fixés sur le drame de sa vie que nous ne comprendrions jamais. »
Le texte est écrit avec une certaine naïveté adolescente et une douceur qui contrastent avec la dureté de l’histoire. C'est un roman fait de contrastes et d'une beauté qui magnifie la solitude et le désespoir des jeunes filles. Le délabrement progressif de leur maison, si bien documenté par les garçons, reflète la chute progressive des filles, avec la perte graduelle de leurs libertés et d’une raison de vivre.
Le narrateur conclura : « A la fin, les tortures qui avaient tourmenté les filles Lisbon se condensèrent en un refus simple et raisonné d’accepter le monde tel qu’il leur était proposé, si plein de défauts. » Et même si l'on ne connaîtra jamais l'histoire des sœurs derrière toutes les apparences, le lecteur peut facilement s'identifier à elles et essayer de les comprendre.