" La lune monte, disque clair impassible. Trou dans le ciel"
"Le monde est blanc de rosée. Bien qu'il soit sensé être un salopard endurci, il voit la-dedans quelque chose de magique et comprend d'où vient l'expression 'l'aurore aux doigts de rose' "
On croit rêver. j'ai lu des rédactions d'écoliers mieux tournées.
On peut s’appeler Mo Hayder et passer complètement à côté de son sujet.
Le reste est à l'avenant : un-policier-fatigué-de-la-vie-et-que-sa-femme-a-quitté-et-qui-lutte-pour-ne-pas-sombrer-dans-l'alcoolisme aura traversé tout le livre à la recherche des maîtres d'une petite chienne abandonnée alors qu'un malade décore les arbres des entrailles de ses victimes.
Non seulement c'est mal écrit (et je ne crois pas qu'il s'agisse d'un problème de traduction ) mais c'est long, c'est lent et c'est mal construit. Et, lorsque le fil narratif se coince, l'auteure fait surgir de nulle part un nouveau personnage ( le Marcheur ) dont le passé ( lequel ??) permet subitement à l'intrigue de rebondir en soubresauts ridicules, comme le coeur d'une grenouille morte.
Pas question de trouver ici une enquête à plusieurs niveaux, une symbolique riche et une vision du monde défiguré par la cruauté et le sadisme des hommes. Mo Hayder ne s’embarrasse guère de ce genre de détails. Elle n’est pas là pour ça !
On finit par sauter des mots, puis des phrases, puis des pages tant on veut en finir mais en connaissant la fin. Puis, on craque, on jette le livre. On râle d'avoir perdu son temps et, en plus, on ne connait toujours pas la fin.
Il est aussi regrettable que le roman policier, d’une façon générale, s’inspire de plus en plus du thriller cinématographique en mettant en scène des meurtres de plus en plus sanglants et des cadavres de plus en plus choquants. Dans la littérature policière la mort n’a en soi que peu d’importance, elle n’est que l’introduction qui servira au développement de l’enquête. Comme le signalait Jorg Luis Borges «Les pompes de la mort n’ont pas leur place dans la narration policière dont les muses glaciales sont l’hygiène, l’imposture et l’ordre».
Pas mal d’auteurs de polars d’aujourd’hui feraient bien de s’en inspirer