"Pendant les quatre premières années de ma vie, tant qu'il vécut, je ne fus pas Ti Jean Duluoz, je fus Gérard."

À travers ce livre, assurément le plus émouvant de sa carrière, Kerouac rend le plus beau des hommages à son frère disparu.
Rarement un roman n'aura été si chargé d'émotions. La spontanéité de son auteur y est pour beaucoup. Son écriture immédiate et intense, crue et imagée donne vie à cet enfant, cet être de pure bonté qu'était Gérard Kerouac.

Au sein de ce maelström sentimental, ce ne sont pas, comme on aurait pu le craindre, la tristesse ou l'apitoiement qui priment. Kerouac ne souhaite pas exorciser sa peine ou la cacher derrière ses mots. Bien au contraire. Il n'a qu'un but avoué. Transmettre au monde l'héritage spirituel que le jeune Gérard n'a pas eu le temps de diffuser. Réparer l'injustice de son départ survenu trop tôt. Il avait tant à apporter à son prochain.

C'est donc l'amour qui domine, qui envahit ce livre. À cœur ouvert, Kerouac mêle ses pensées d'adulte aux enseignements de son frère. Avec l'incroyable talent qui est le sien, il donne enfin une chance au message d'espoir de Gérard, il l'offre au monde au travers de ces simples anecdotes qui deviennent de superbes leçons de vie.

Du rire aux larmes, le lecteur se laisse inexorablement porter vers l'inévitable et dramatique conclusion d'un tel ouvrage. Merveilleuse de justesse, cette fin le laisse abasourdi, une boule dans la gorge et bouleversé.
Avec l'irrépressible besoin de faire le bien autour de lui.
-IgoR-
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le 16 févr. 2014

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