Voilà un étrange mais passionnant roman de Day Keene dont bien de ses polars ont été édités dans la Série Noire. Étrange car le roman possède au moins quatre titres.
Deux en américain "Joy House" (le plus connu) et "Love Cage" en 1954. Deux en édition française chez Gallimard qui ne pouvait faire moins : "Vive le marié" lors de la première édition en 1955. Puis comme René Clément en 1964 a sorti "les félins" qui en est une adaptation, les rééditions françaises ultérieures ont renommé le roman par "vive le marié – Les félins" puis "les félins" tout court.
Roman assez complexe puisqu'on découvre que le héros, qui est le narrateur, fuit une première sale histoire et se cache sous une nouvelle identité pour retomber dans une autre machination. Et comme, de juste, on sait bien que les faits sont têtus, les deux histoires finissent par se rejoindre au mauvais moment.
C'est donc un roman bien noir avec un héros qu'il vaut mieux s'abstenir de fréquenter tellement il porte la poisse.
Le film dont le héros est interprété par Delon s'en inspire largement mais diffère dans les contextes des personnages et dans la chute qui est un peu plus optimiste.
Mais revenons au roman que je trouve bien construit pour toujours laisser espérer au lecteur que les choses ne peuvent que s'arranger, que finalement le héros a quand même régulièrement un peu de chance avant qu'une nouvelle merde ne lui tombe sur le coin de la gueule. Ah, c'est quand même quelque chose que le poids du Destin quand il s'y met pour contrarier les volontés des humains !
Autre chose qui est pas mal vue dans le roman, c'est la profondeur des personnages qui ont – au moins – deux personnalités visibles et invisibles, avouables et inavouables rendant tout engagement comme forcément un marché de dupes.
Au final, on est vite intrigué puis accroché à ces personnages qui pourtant n'ont rien de bien sympathique quand on leur connait l'envers de leur décor.