Recueil de pensées d'un artisan typographe, qui a vécu à l'écart du monde littéraire. Exilé en Argentine pendant la deuxième guerre mondiale, Roger Caillois a fait un choix dans la première édition de "Voces" (1943), le traduit en français et le préface (1949). Contrairement au créateur d'un système philosophique, le passionné d'aphorismes se méfie des longs raisonnements. Sa façon d'écrire le rapproche du poète : "La raison se perd par le raisonnement".
Sans cesse la pensée d'Antonio Porchia circule entre l'instant et l'éternel : "Maintenant l'instant. Ensuite l'éternel. L'instant et l'éternel. L'instant fait seulement partie du temps, parce que l'éternel n'est pas du temps. L'éternel est souvenir de l'instant."
Dieu est de la partie, permet d'appréhender la condition humaine avec une distance philosophique et poétique bien particulière :
"Dieu donna beaucoup à l'homme. Mais l'homme voudrait bien quelque chose de l'homme."
"La confession d'un seul humilie chacun."
"Personne ne comprend que tu as tout donné : donne davantage."
"Tous ne font pas le mal, mais tous sont accusés par lui."
Qui sommes-nous ?
"Presque toujours, c'est la peur d'être nous-mêmes qui nous conduit devant le miroir."
"Des îles, des ponts, des ailes : mes trois vies séparées, mes trois morts unies."
"Je voulais conquérir. Je ne gagnais rien. Parce que je voulais conquérir sans perdre."
Qu'est-ce-que la réalité ?
"Les choses réelles existent tant que nous leur attribuons des vertus ou des défauts de choses irréelles."
"Plusieurs choses, pour me démontrer leur inexistence, devinrent miennes."
Antonio Porchia est fasciné par le vide et par le mystère de notre réalité :
"Toute chose existe par le vide qui l'entoure."
"Nous sentons le vide en le remplissant."
"Le mystère t'a fait grand : il t'a fait mystère."