Lorsqu’un roman commence avec de personnages presque parfaits, avec une destinée qui semble idéale, ou en tout cas correspondre à l’idée que les personnages se font d’un monde idéal, on pressent l’imminence de cailloux dans la chaussure !
Il en est ainsi pour Edouard Bauer, héritier d’une petite fortune, peu remise en cause à la mort du père malgré la découverte de l’existence d’un demi-frère caché. L’homme est brillant conduit sa carrière professionnelle avec intelligence. Il fait un mariage qui le comble , avec bientôt la naissance d’une fille qui fait son bonheur. La confiance aveugle qu’il voue à son associé lui coutera cher…
Histoire d’une chute sur fond d’anomalies du décor, dans un monde qui semble lui aussi souffrir des décisions aberrantes des décennies précédentes (cependant cet aspect n’est pas prépondérant, l’évocation des dérèglements est là comme un reflet en miroir de ce qui ce passe dans la vie d’Édouard).
Pris dans la tourmente, chaque personnage livre son état d’âme, ce qui renforce l’impression d’erreurs de choix qui auraient pu être évitées avec un peu plus de communication.On retient avec ce roman la notion fondamentale d’impermanence. Le roc peut s’effondrer lorsqu’il s’appuie sur du sable mouvant.
Un très beau roman, addictif, de ceux dont Bérard Pivot disait qu’il fait oublier au lecteur qu’il est en train de lire .