J'avoue avoir été à la fois extrêmement intéressé et à la fois terriblement inquiet une fois que mon regard s'est posé sur l'ouvrage d'Antoine Leiris. Comme beaucoup de monde, j'ai vu les mots écrits sur Facebook dans lequel il exprimait que les terroristes n'auraient pas sa haine. Ce titre de commentaire est également celui du livre et ce texte forme un chapitre de son livre.


Intéressé car je me suis immédiatement douté que ce livre servait au deuil de l'auteur, qu'il avait besoin, à travers ce bouquin d'exprimer sa détresse, le manque de son être qui lui a été injustement volé lors du concert qui avait lieu au Bataclan. Durant 130 pages qui se lisent rapidement, c'est toute une étape de reconstruction de la personne, d'apprendre à vivre sans elle, de vivre avec son souvenir, de faire face à l'absence mais en même temps de devoir continuer à vivre, pour Virgil, pour que l'enfant puisse grandir sereinement, de reprendre un quotidien qui lui continue malgré tout. La réalité est toujours présente et se rappelle régulièrement à Antoine Leiris.


Enormément de détresse car j'avais peur de la part de l'auteur qu'il s'épanche dans ce livre, de franchir des limites dans la dignité. J'avais également des craintes vis-à-vis de moi, en tant que lecteur, sur ce livre qui sert justement de deuil. Leiris expose ses sentiments dans ce bouquin, ma place en tant que total inconnu est-il de vraiment prendre connaissance de son ressenti personnel ? N'est-ce pas une forme de voyeurisme de ma part que de lire un homme en souffrance ?


Fort heureusement, Antoine Leiris trouve le ton juste dans ses explications. On sent une démarche sincère même si on ressent également le travail de relecture et de correction de certaines expressions. J'ai toujours aussi un peu de mal à envisager qu'on puisse retenir une heure et ce que l'on faisait à cet instant précis, aussi insignifiant soit-il. Je trouve que ça sert la manière de raconter l'histoire, mais est-ce toujours aussi brut et sorti du cœur comme ça l'était certainement dans un premier jet. J'aurais aimé un texte un peu plus brut pour avoir une impression que l'ensemble était totalement "réel", "honnête", difficile de trouver le terme adéquat pour exprimer ce que je ressens à ce sujet.


Ce paragraphe que j'expose n'est bien sûr que supposition (même si Leiris évoque quand même le fait que des gens ont relu le texte avant publication.


J'avoue donc avoir assez apprécié le livre, qui dans son ensemble est un ode à l'amour que porte Leiris à sa femme et qui s'achève surtout sur un petit instant de bonheur partagé avec son fils, preuve que l'auteur est positif et qu'il semble avancer.


Alors bien sûr, on peut estimer que c'est trop tôt le moment où le livre est sorti par rapport à la date des événements. Mais il faut aussi comprendre que pour Leiris, ce lire sert avant tout son deuil. Et je pense que l'on doit respecter cela, qu'il n'y a nulle forme de profit de la part de cet homme. C'est clair que je n'aurais pas agi de la sorte, mais je pense en tout cas que son livre apporte finalement un témoignage différent et intime sur un événement qui était loin d'être anodin. On pourrait d'une certaine manière, comparer peut-être son témoignage à ceux d'anciens soldats de la Seconde Guerre mondiale qui racontent les horreurs qu'ils ont pu vivre, les morts qu'ils ont pu voir, etc. Raconter l'histoire par l'intime mais avec énormément de décence. En cela, le livre de Leiris est une réussite. Si on peut appeler cela comme tel.

batman1985
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le 10 juin 2016

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