Ouvrir un livre de Jules Verne, c'est se préparer à une aventure extraordinaire, à un voyage capable de nous emmener dans toutes sortes de lieux, de stimuler son imagination et retrouver une âme d'archéologue, découvrant les mystères et secrets que peut renfermer la Terre.
Mon expérience avec Jules Verne est assez courte et surtout très ancienne, n'ayant plus tourné une page d'un de ses livres depuis mes années collèges. Si j'avais vu le bon film (enfin, la version des années 1950 avec James Mason) Voyage au Centre de la Terre, je n'avais jamais eu l'occasion de le lire, et force est de constater que l'on retrouve tout ce que l'on peut aimer dans l'univers de l'écrivain français. Il y a la sensation de découverte, de mystère, de se retrouver face à l'inconnu et la surprenante et puissante nature, que l'homme cherche à dompter sans en avoir les capacités.
Ici il écrit à la première personne, nous mettant dans la peau du protagoniste et donc de découvrir les éléments au fur et à mesure, sans pouvoir les anticiper. Le narrateur s'appelle Alex, neveu d'un grand géologue et, ensemble, ils vont s'intéresser à un parchemin affirmant que le passage pour accéder au centre de la Terre se trouve dans un volcan éteint d'Islande. Commence alors une aventure riche en rebondissements, où Verne va surtout aller à l'essentiel, sans perdre de temps en route. C'est d'ailleurs là l'un des points qui me laissent un léger regret, à savoir qu'il aurait pu aller encore plus loin, ne pas limiter son imagination et plus faire ressentir le côté explorateur et mystère, quitte à encore plus développer l'aspect fantastique. Rien de bien préjudiciable non plus, même si la fin m'a laissé un peu sur ma faim, le roman se lit tout de même d'une traite et avec passion, notamment grâce à des personnages bien développés auxquels on s'intéresse dès les premières pages, surtout le professeur Otto Lidenbrock.
Là où Jules Verne se montre vraiment inspiré et brillant, c'est dans la façon de nous immerger au coeur du récit et de faire ressentir le danger de cette expédition. Chaque pas nous emmène face à l'inconnu, des risques et des choix importants à faire et c'est là que le choix de l'utilisation de la première personne est pertinent, on découvre tout en même temps que les protagonistes, on se pose les mêmes questions sur le "pourquoi", le "comment" et "ou aller". Jusqu'au bout il n'hésitera pas à mettre ses personnages dans un danger de plus en plus fort et c'est cette partie-là qui s'avère la plus réussie et même fascinante, ce moment où le fantastique prend vraiment le pas sur le reste. C'est à ce moment-là qu'on se retrouve bouche bée, les yeux grands ouverts et qu'apparaît ce sentiment d'émerveillement presque enfantin, qui m'avait un peu quitté ces dernières années, face à l'imagination de Verne.
Le style est assez efficace sans pour autant être génial, il trouve le bon rythme sans être dans un quelconque excès, sachant bien retranscrire la force du récit et la complexité des personnages. Tous sont intéressants, et il alterne bien entre le développement de ceux-ci, notamment lorsqu'ils seront face aux dangers, et le côté expédition, qui ne manque pas de symbole et de référence. Certains passages se rapprochent même d'un ton documentaire où l'auteur nous permet aussi de comprendre le contexte de l'époque, la vision cette science-là (L'opposition entre les théories d'Humphry Davy, évoquant des températures profondes moins élevées, et celles de Siméon Denis Poisson). C'est aussi intéressant d'y découvrir sa vision des profondeurs de la Terre, encore inconnue aujourd'hui, où ses hypothèses sont plus qu'intéressantes, notamment vis-à-vis des lacs souterrains ou des cristaux géants.
Voyage au centre de la Terre permet à Jules Verne de nous immerger au coeur de son imagination et de partir à l'aventure pour une expédition non sans danger face aux mystères de la nature. Les sensations sont là, le roman et les personnages sont passionnants et il n'est pas difficile de faire abstraction des quelques petites maladresses pour plonger dans les profondeurs de la Terre.