Ah ! Les Cévennes ! Ces montagnes paumées au sud du Massif Central, très sympathiques pour y passer les vacances ! En été, pour se baigner dans de belles rivières pierreuses emplies de cascades et coincées entre deux rochers ; ou en automne où les châtaigniers font votre bonheur ; ou même au printemps avec sa belle nature qui s'éveille d'un hiver (très) rude. Bref, j'aime bien les Cévennes et là, j'apprends qu'un type écossais les y a traversées en 1878, accompagné d'une ânesse et qu'il a même écrit un bouquin sur ce périple. Alors je me dis : pourquoi pas ?

Un rythme lent pour une bonne ambiance



Dans ce livre, le rythme est expressément lent, ou plutôt les étapes du voyage de Stevenson sont détaillées. C'est à la fois bénéfique et mauvais pour l'oeuvre. C'est tout d'abord bénéfique car l'auteur qui est aussi le narrateur qui voyage, veux nous faire profiter de ses péripéties et nous installer dans une ambiance propice à pouvoir profiter du voyage comme Stevenson en a profité en y découvrant rencontres, lieux et autres. Le dynamisme de l'oeuvre n'est donc pas le plus important ici puisque que contrairement à un roman, le but d'un livre de voyage est (logiquement) de nous faire découvrir ce voyage pour en ressentir des émotions en le découvrant à la lecture. Mais c'est aussi un mauvais point pour l'oeuvre, car malgré ce rythme voulu qui colle avec le style du livre, il est indéniable que cela pourrait devenir lassant et donc en rebuter certains, ce qui n'est pas mon cas car j'ai aimé le voyage de Stevenson.

Un livre calme qui nous fait ressentir un périple.



J'ai aimé le voyage de Stevenson car l'auteur va tout nous dire : les détails de sa marche, l'expérience qu'il va gagner au fil du voyage, les rencontres qu'il fera, les lieux qu'il visitera, les descriptions de nuits à la belle étoile (mes passages préférés, tant Stevenson parvient à nous mettre dans une ambiance si particulière grâce à ses propres mots), les étapes de son périple, ou encore son ânesse Modestine qui va l'accompagner avec ses sauts d'humeur. Tout semble vrai, réel, on croit au voyage, accentué par le fait que l'auteur a écrit ce livre durant celui-ci.

Les Camisards...



Mais tout de même, il y a certains passages qui font, à mon avis, un peu tâche avec le voyage. Ceux qui nous racontent l'histoire des Camisards avec ses soldats, ses assassinats et sa lutte perpétuelle contre le Roi. Certes, cela permet d'intégrer un contexte historique aux lieux que l'auteur visite, qui nous fait alors part de ses connaissances nouvellement acquises auprès des habitants, accentuant une fois de plus cette ambiance et ce réel dont je parlais. Mais je pense que ces morceaux de l'histoire des Camisards mettent à chaque fois en pause le récit, décrites de façon plutôt simplistes, par rapport au voyage en lui-même qui est mis en pause pour une anecdote pas utile que ça. Par contre, cette histoire des Camisards est découpée en plusieurs parties et répartie à travers la dernière partie du livre, donnant ainsi cette impression d'avancement dans les connaissances de Stevenson, en même temps que celui-ci continue son périple.

D'autres choses qui mettent en pause le voyage.



Vous vous souvenez quand je disais que les anecdotes, malgré qu'elles donnaient du contexte, mettaient en pause le voyage sur lequel le livre était censé se concentrer (c'était il y a littéralement 10 lignes avant) ? Eh mais ça tombe bien, il y en a pleins, surtout celles qui parlent de religions ! Evidemment, la religion était quelque chose de plus important à l'époque qu'aujourd'hui, mais quand même, ces passages dans la partie Notre-Dame-des-Neiges ou dans d'autres parties du livre, où les débats entre religieux protestants et catholiques fusent, je suis désolé mais je n'en ai rien à foutre, pas plus qu'un sourd vis-à-vis d'une radio (déso c'était gratuit). Après ça reste logique de lire ça dans le livre : les Cévennes, divisées entre deux religions depuis des siècles de persécutions, cela nous montre un peu la terreur des protestants d'être pourchassés, et cela va de paire avec l'histoire des Camisards qui nous est racontée parallèlement à ça, en plus de rajouter un beau message derrière, que malgré la persécution, les protestants ont toujours continué de croire en leur religion. Mais je trouve ça dommage, finalement, le voyage est mis au second plan (seulement sur quelques passages) pour nous raconter le contexte historique ou religieux des étapes du voyage, comme un guide touristique (j'exagère mais c'est parce que je ne m'attendais pas à ça). Enfin, ca reste un bon livre, et ce serait un mensonge de dire que ce livre ne m'a pas plongé dans une ambiance certaine, et m'a fait ressentir tout un tas d'émotions, notamment lorsque Stevenson nous décrit le ciel étoilé ou les denses forêts cévenoles.

StarcadeIII
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le 20 juin 2020

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