Branco pasolinien
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le 22 avr. 2023
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Héritier symbolique de Cendrars et de Boulgakov, Christophe Feutrier est à la fois moins médiatisé, plus aventurier et meilleur écrivain que l'édulcoré Sylvain Tesson. Sans esbroufe ni pompe, il nous livre des parenthèses de souvenirs : passages, rencontres, mises en scène, explorations – sans qu'on sache toujours comment il arrive, comment il repart, ce qu'il a fait entre deux chapitres, comme Corto Maltese dans Les Celtiques, d'Hugo Pratt. Pas de leçons ni de tentatives pour théoriser l'existence, seuls demeurent les couleurs, les êtres, et la mélancolie de l'espace qui défile et du temps qui passe, dans ce récit qui se lit plutôt comme un poème que comme un roman : sans hâte, par petites touches.
Citations :
« Au milieu de la rue, quelqu’un tend la main et me barre le passage.
Je lui donne ce que j’ai dans la poche, passe.
Il me jette tout sur la nuque un peu plus loin, je le regarde.
– "Va te faire foutre…"
Les sous roulent par terre.
Je le regarde… La rue Daguerre passe pendant ce temps.
– "… Va te faire foutre avec ta monnaie de merde. Qu’est-ce que tu crois ?"
Je le regarde…
– "Pour qui tu me prends ! Tire-toi !"
Moi, je m’en fous. J’ai traversé des espaces sidéraux. »
(Pages 265-266)
« J’erre par les rues insalubres de Samarcande, malade comme une bête malade, avec la fièvre.
Je traverse toutes les mahallas, quartiers virtuels, pour prendre médecine de leurs embruns.
C’est un après-midi comme un autre à Samarcande, il est tard, mal à la tête, la vie ne m’attend pas. »
(Page 279)
« Il y a l’aventure, le voyage, les rencontres mais ce sont les créations physiques qui restent, à l’exemple des stèles kirghizes, belles et simples, gravées de caractères runiques indéchiffrables qui témoignent de la présence de peuplades altaïques dans la steppe, au VIe siècle de notre ère.
Sur la grande route de la soie, les gares routières, les aéroports, les stations de taxis sont devenus les caravansérails d’autrefois.
Je rallie toutes les cités, je monte dans les autobus Ikarus, pars à l’assaut de l’Asie centrale de jour et de nuit, roule par les chemins d’Alexandre.
Je m’arrête dans les théâtres, nouvelles madrassas, qui quadrillent tout au long du chemin l’ancien espace soviétique où l’on est accueilli et où l’on rencontre les sages, je promets de revenir. Je repars.
Il y a des moments de retour qui ponctuent les longs voyages, les longues routes, des moments que donne un siècle hystérique où tout est possible et où rien ne se fait.
C’est un étang de nostalgie et de regrets qui étreint ce soir le cœur de l’Asie centrale.
Tachkent-Kokand, où mène cette route ?
Course autour du monde entreprise il y a trop longtemps.
Les pays comme les amis se balayent les uns les autres.
Où est-il ce monde promis, où ? »
(Page 338)
« Je suis à la recherche de ceux qui savent. Sans doute, je les rencontre mais mon entendement est limité, même au cœur du bonheur toujours, sans savoir pourquoi, un matin, je pars.
Ailleurs. »
(Page 351)
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Créée
le 15 déc. 2024
Modifiée
le 15 déc. 2024
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