L'impossibilité d'une île
W ou le Souvenir d'enfance est le roman où Georges Perec donne le plus de lui-même, dit le plus sur lui-même, explicitement dans l’évocation du fameux « souvenir », mais bien plus encore en...
Par
le 29 déc. 2016
18 j'aime
Il y a dans ce roman deux histoires parallèles qui ne se répondent pas. D'une part les fragments de souvenirs d'enfance de George Perec oubliés, fantasmés ou reconstruits et d'autre part W, une utopie inventée par Perec à l'âge de treize ans dont le scénario tient en moins de deux lignes: c'est la vie d'une société exclusivement préoccupée de sport, sur un îlot de la Terre de Feu.
L'histoire de W est elle-même en deux parties : une enquête sur la disparition d'un enfant orphelin puis, et cela n'a aucun rapport avec la première partie, l'organisation détaillée des compétitions sportives à tous les niveaux d'une société totalitaire, ce qui paraîtra intéressant à ceux qui, comme moi, suivent les compétitions sportives mais pourra paraître fastidieux pour les autres, qui pourront facilement faire l'impasse sur ces chapitres écrits en italique, dans un style journalistique et ne parlant que du sport d'une façon assez redondante.
Les souvenirs d'enfance sont une sorte d'autobiographie à la fois bien documentée et partiellement inventée où Georges Perec (le nom de sa famille est Peretz) ne se dévoile pas, lui qui se fait un point d'honneur à éviter toute incursion du Moi dans ses autres livres, mais essaie de faire retrouver au lecteur la dernière pièce du puzzle comme dans La Vie Mode d'Emploi :la blessure secrète due à l'absence de ses parents (Eux) conséquence de leur Disparition dans les camps de concentration.
Et l'histoire de l'organisation de W, cet état dans l'état où la compétition sportive prime sur tout le reste est (peut-être) une manière de faire le rapprochement avec une autre organisation au double S, l'idéologie totalitaire nazie.
Contrairement à son apparence ce roman est simple à lire. Georges Perec est tout sauf un philosophe se prenant au sérieux. C'est plutôt un as de la plume, des jeux de mots (ou de maux) et des jeux de lettres faisant le pari de changer de modèle de narration à chaque roman et distillant des informations au compte-goutte pour que le lecteur puisse voir une unité cachée dans son œuvre, pour lui prouver qu'elle n'était pas seulement placée sous le signe de la pure virtuosité.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleures autobiographies
Créée
le 13 sept. 2017
Critique lue 301 fois
2 j'aime
D'autres avis sur W ou le souvenir d'enfance
W ou le Souvenir d'enfance est le roman où Georges Perec donne le plus de lui-même, dit le plus sur lui-même, explicitement dans l’évocation du fameux « souvenir », mais bien plus encore en...
Par
le 29 déc. 2016
18 j'aime
Autant le dire tout de suite, c'est une oeuvre que l'on m'a donnée à lire dans le cadre universitaire : censé représenter un récit fictif & un récit autobiographique inextricablement liés, on...
Par
le 17 déc. 2011
8 j'aime
12
« W ou le souvenir d’enfance » est un roman autobiographié (Pérec s’appuie sur des écrits, des photos et des objets relatifs à son passé) dont la construction extrêmement précise, tant par le choix...
le 15 juin 2015
6 j'aime
1
Du même critique
J’ai bien failli faire l’impasse sur ce film mais nous étions le 31 août et il me restait deux tickets de cinéma à utiliser dernier délai, donc retour vers l’enfer du 9-3, bien planqué cette fois-ci...
Par
le 1 sept. 2019
34 j'aime
10
Le cinéma français aurait-il trouvé un nouveau souffle grâce à l'absurde ? En même temps que sort Perdrix du prometteur Erwan Le Duc paraît donc le nouvel opus de Guillaume Nicloux, Thalasso. Le...
Par
le 21 août 2019
28 j'aime
10
Similarité, identité, conformité et similitude. Le dernier opus d'Almodovar respecte ces principes. Principe de similarité Julieta est un film sur les rapports mère - fille, comme tous les films...
Par
le 1 juin 2016
28 j'aime
1