Wakolda
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Wakolda

livre de Lucía Puenzo (2011)

On se souvient encore avec acuité des images terribles du Médecin de famille, un de nos coups de cœur de la fin de l’année dernière.
Lorsqu’on avait découvert à l’époque, que le film argentin avait été adapté d’un roman par son auteure elle-même, Lucìa Puenzo, on s’était promis de découvrir le bouquin.
Même si l’on sait d’avance que dans ce sens là (film → livre) c’est jamais l’idéal, puisque les images du grand écran viennent un peu écraser celles qui pourraient être suggérées au fil des pages. Mais, tant pis, une auteure qui adapte elle-même son propre roman à l’écran (et avec brio), ça valait forcément le détour.
Malgré cela, pas de déception à la lecture de Wakolda (le nom mapuche de la poupée de Lilith, l’héroïne du film) où l’on retrouve avec précision l’atmosphère empoisonnée et étouffante qui faisait tout le charme vénéneux et létal du film.
En 1960, le médecin qui débarque au fin fond de la Patagonie dans la famille de Lilith, c’est Josef Mengele le sinistre tortionnaire nazi qui fuit en Argentine les agents du Mossad qui le recherchent activement : il dispose de quelques mois de répit en attendant que ses poursuivants règlent d’abord le cas d’Eichmann.

[…] Il avait consacré sa vie à libérer le monde des rats, et maintenant – fuyant comme un lâche, rejeté en marge de la société –, il commençait à en être un.

Née avant terme, la petite Lilith est depuis toujours affligée d’un déficit de croissance.
Une presque jeune femme dans un corps de poupée, voilà de quoi raviver les démons qui habitent le bon docteur qui se servira d’elle pour (entre autres …) tester ses hormones de croissance et qui va même se passionner pour toute la famille : le père fabrique des poupées, la mère est enceinte de jumeaux (chic, deux cobayes !), ils habitent une demeure digne de Shining et leurs voisins tiennent une clinique privée de chirurgie esthétique pour anciens nazis en cavale, … le décor est planté et tous finiront par tomber sous le charme envoûtant et diabolique de l’élégant et raffiné docteur. Allant même si besoin jusqu’à se persuader qu’ils ignorent qui il est réellement.
Le bouquin consacre une grande place à la folie rationnelle de Mengele qui rêve de pouvoir modeler les corps comme on peut le faire des poupées, qui rêve d’atteindre la perfection (aryenne cela va de soi).
On se demande où la jeune et jolie Lucìa Puenzo va pêcher ses horribles histoires mais l’on a appris depuis le Médecin de famille, qu’elle est fascinée par la transformation des corps et des genres.
L’adolescente Lilith qui se fait la complice de Mengele pour transformer son corps (pour enfin grandir et ne plus être l’objet de moqueries) permet d’explorer de sombres recoins de notre humanité.
BMR
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le 30 mars 2014

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BMR

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