La notoriété d'un livre suffit-elle à en faire une lecture agréable ? Ma réponse est non après la découverte du très encensé et fameux "Walden ou la vie dans les bois".
En 1845, Henry Thoreau démasque les maux de la société en quittant sa vie bourgeoise confortable pour construire une cabane de ses propres mains à moins de deux kilomètres de chez lui - Concord, Massachussetts - et de ses cercles sociaux, sur le terrain d'un ami situé au bord de l'étang de Walden. (A ne pas confondre donc avec Zorro qui lui, démasquait les injustices infligés aux moins favorisés par la société.)
Presque dix ans après cette expérience de "nature living", Thoreau couche sur le papier ses réflexions et commentaires sur la corruption de l'homme par le consumérisme à tout crin. Ses écrits sont devenus une sorte de mythe fondateur de l'écologie et du rejet du "système".
J'ai toujours été nulle en philosophie (et pourtant c'était un coeff 7 pour moi au bac, ça a fait mal) mais j'aime quand même les belles idées. Ce que j'aime surtout, c'est quand un penseur partage avec moi ses idées et réflexions sans condescendance ni mépris, or, avec Thoreau, j'ai eu vraiment beaucoup de mal avec le ton employé, même en faisant la part de la période et du contexte du milieu du XIXème siècle.
Emule de Jean-Jacques Rousseau et de son mythe du "bon sauvage", Thoreau est donc convaincu que c'est la société qui pervertit l'homme et non l'inverse. Pas de bol, je pense tout le contraire. Mais ce qui m'a le plus dérangée dans "Walden", ce fut le rejet en bloc de toute avancée technique et la promotion d'un ascétisme qu'il n'a finalement vécu que deux ans, années pendant lesquelles sa mère lui lavait son linge régulièrement.
Pour moi, nonobstant les belles descriptions de la nature, "Walden" m'a fait la désagréable impression de revendiquer un statut d'évangile. On n'est pas sur de la préconisation, on est sur du diktat. Je ne sais pas si Thoreau se prenait pour un nouveau Platon ou un nouveau Christ mais ses écrits en donnent clairement l'impression, jusque dans le lexique employé (il prétend que ses visiteurs venaient "se confesser" à lui).
La "réforme morale" que propose Thoreau semble laisser beaucoup de monde sur le bord de la route, ou plutôt de l'étang. Reconnu comme un grand penseur, un philosophe, Henry Thoreau a combattu pour des causes justes, notamment l'abolition de l'esclavage et la conscience environnementale. Réputé poète, il sait parler de la nature avec un certain lyrisme.
Cette expérience d'existence en quasi autarcie et relatif isolement a fortement marqué les esprits à l'époque et continue de le faire aujourd'hui encore, véhiculant un idéal que me semble clairement utopique (pléonasme ?). Une voie.x à suivre vers la "sobriété heureuse", cette théorie jumelle revendiquée et clamée par Pierre Rabhi, et qui provoque en moi davantage de résonnance.