Je ressors assez mitigée de cette lecture.
Le style populo-argotique est plutôt sympa, se laisse lire facilement et on rit pas mal.
Par contre, le fil conducteur est ténu. En tant que lectrice, j'aime les bouquins avec un début, un milieu, une fin (même ouverte, hein, je suis pas toujours fermée, mdr !), avec des personnages qu'on suit et auxquels on s'attache. Bah j'ai rien trouvé de ça ici. Alors quand il est dit sur le quatrième de couverture que Ferrand s'inscrit dans la lignée de Jaworski avec ce livre, je tique sévère et je m'inscris en faux. Teuh teuh teuh, on est loin du compte.
En fait cet écrit me fait penser à des choses qu'on trouve sur Wattpad (où je "suis" ma fillotte). Bien écrit parfois (vraiment pas souvent), sympa à lire, mais qui n'amène nulle part parce qu'à aucun moment l'auteur ne s'est demandé quel était le fond de son histoire, son début, son milieu et sa fin (et curieusement ces auteurs-là viennent souvent du RP, bref, passons). Bon, Wattpad c'est particulier, les gens écrivent "en série", et comme les séries TV ça finit par tourner en rond.
Mais publier un bouquin comme ça, bah, bof quoi. Bon j'exagère, il y a une fin. Qui n'en est pas une. Et le personnage principal du livre, c'est la ville, j'aurais pu m'en douter avec ce titre.
Il n'empêche que je suis plutôt déçue.
C'est bien écrit. épicétou. Le schéma narratif consistant à nous faire découvrir un personnage, son point de vue, sa vie, puis à le faire crever, est bien trop récurrent pour arriver à surprendre longtemps. Pour le premier, j'étais surprise, au troisième (page 135), j'en avais déjà marre, et avec celui qui passe entre les mains du bourreau, ça a été le pompon... (Si vous me connaissez un peu, vous savez que je déteste les bouquins où tous les personnages auxquels je m'attache crèvent. J'ai été gâtée, ici !).
La pléthore de personnages fait qu'on ne peut pas lire ce bouquin avec un autre à côté. On s'y perd, il faut bien le dire. Finalement heureusement qu'ils crèvent, on n'a plus à s'en préoccuper. D'un autre côté, on finit par ne plus s'attacher à aucun, forcément, puisqu'on "sait" ce qui va leur arriver. Aucune surprise côté personnages. C'est dommage car il aurait pu creuser un de ceux-là et en faire un héros (ou anti-héros, on s'en fout) crédible et attachant et ça aurait tout changé (de mon point de vue, qui ne reste que cela), je pense que l'auteur en est tout à fait capable, puisqu'il écrit fort bien. Le hic c'est qu'il n'a pas voulu le faire, et en tant que lectrice, ça m'a lourdement manqué.
Quant à "l'originalité" (que je lis un peu partout à propos de ce livre), bah non. Si on prend Ciudalia, ou la ville de "Camorr" (dont c'est largement inspiré d'ailleurs) des "Salauds gentilshommes", il n'y en a pas. Le fait de n'avoir aucun héros "de chair" n'en fait pas un truc débordant d'originalité, désolée. Pour moi, ça en fait juste un beau cadre plein de vide.
En gros, ce bouquin mériterait une note excellente sur le style, mais de mon point de vue, le "fond" n'est pas génial. Ce qui fera une note finale moyenne...