En choisissant de devenir peintre, Lancelot Mulliner se brouille avec son oncle, un ecclésiastique aussi riche qu'ennuyeux. Mais lorsque le Doyen Mulliner est envoyé en mission en Afrique, son rebelle de neveu accepte de recueillir le chat du saint homme, espérant une réconciliation - et peut-être même, qui sait, un héritage!
C'est alors qu'entre en scène Webster, un matou noir peu ordinaire qui va bouleverser du tout au tout les habitudes du jeune artiste. C'est que "Webster est tout à fait différent. Webster a une dignité naturelle et des manières sereines. Webster est un chat qui s'enorgueillit d'être toujours élégant; ses principes élevés et ses nobles idéaux rayonnent dans ses yeux comme des phares..." Bref, Webster a tout d'un dignitaire ecclésiastique, avec quelques poils en plus. Finie la vie de bohème! L'étrange félin exerce une influence sans limites sur son maître, au point que celui-ci se met à se raser tous les jours, surveille son langage et ne paraît plus au dîner sans porter un habit approprié. Quant à Gladys Bingley, la petite amie délurée de Lancelot, il n'en est plus question! "Il venait d'apercevoir l'extrémité d'une queue noire sortant de sous le canapé. Elle s'agitait un peu convulsivement, et Lancelot pouvait y lire comme dans un livre. Il savait que Webster venait de condamner sa fiancée sur la mine, la jugeant frivole et méprisable, et cela l'emplissait d'une douloureuse consternation." Webster envisage désormais un parti bien plus souhaitable: l'aristocratique Brenda Carberry-Pirbright! Et il fera tout pour arranger le mariage de Lancelot à sa convenance.
Dans cette nouvelle, on retrouve l'inimitable humour de P. G. Wodehouse, créateur de Jeeves, le plus parfait des valets. Ici, il s'agit d'une histoire de mutation de personnalité, et peut-être même de possession, si l'on envisage cela sous l'angle fantastique. La fin est aussi comique que surprenante. C'est, avec le "Tobermory" de Saki, l'un des meilleurs récits ayant un chat pour héros!