Zazie dans le métro fait partie de ces livres que j'aborde en étant persuadé d'apprécier. J'ai toujours eu un faible pour l'humour dans la littérature : un exercice souvent si difficile qu'il offre régulièrement des perspectives enrichissantes à son objet. Quelle joie donc de me lancer dans ce court roman si chaudement recommandé à de si régulières reprises.
La première chose qui me déstabilise - avant de me rebuter complètement - c'est que Zazie dans le métro n'est pas un roman. Zazie dans le métro est une pièce de théâtre particulièrement bavarde. J'apprécie le théâtre, Malheureusement, il arrive souvent que le théâtre soit sous-considéré par le brillant esprit de nos auteurs qui, par réflexe, choisissent alors la forme du roman, même si la forme dessert l'oeuvre. Le roman prend son temps. Le roman réfléchit à chacun de ses mots et demande soit du talent, soit, si à défaut de dernier, une passion doublée d'une patience qui devraient être les justes garants de la qualité qu'il exige. Malheureusement, la production actuelle semble se porter bien mieux sans ces fondamentaux, achevant de torturer le roman déjà bien abîmé par le qualificatif "nouveau" qu'on lui avait attribué dans un pur défaut d'imagination le siècle dernier.
Zazie dans le métro n'a pas été écrit par le talent d'un Céline ni par la patience d'un Flaubert. Il propose ses formulations atypiques de manière régulière, donnant l'illusion d'un travail particulier sur la forme. Cela peut très bien fonctionner, mais ces élément sont si disparates à travers l'ouvrage qu'il ne serait qu'injustice de s'enthousiasmer sur un travail de style.
Mais cela va avec mon véritable reproche : le livre extrêmement bavard. Au feuilletage, on se rend vite compte que nous sommes plus dans du théâtre injouable que du roman. L'action se déroule à une vitesse folle, ne nous laissant rarement le temps d'apprécier la moindre scène. Ce rythme dérange l'humour, le propos, les personnages.
Tourné la dernière page, sur une fin qui n'en est pas une, c'est un sentiment de vide, d'avoir regardé un train faire un tour de rail sans s'y être laissé embarqué qui me reste. Et pourtant, Queneau avait de la matière : si on dépasse la gamine insupportable, les personnages vides et amorphes, les anomalies orthographiques peu concluantes, Raymond Queneau nous rappelle régulièrement qu'il peut écrire du français. Ses constructions sont parfois drôles, jouant tantôt sur les synonymes, tantôt sur les figures de styles prises au pied de la lettre, le livre comporte bien des éléments qui peuvent ravir. Et surtout, Raymond Queneau réinvite un certain vocabulaire au sein de la littérature. Certains se plaignent que ça n'est pas justifié, personnellement, je pense que l'on devrait plutôt se justifier de manquer de vocabulaire que d'en user.
Zazie dans le métro est malgré cela une déception. Comme Zazie, je pense être arrivé dans l'histoire en me réjouissant. Comme Zazie, j'ai vite constaté que ma convoitise ne serait pas assouvie. Comme Zazie, j'en deviens désagréable et quitte cette histoire en me disant que peut-être moi aussi, j'ai vieilli.