Faisons court : ce livre est globalement décevant, d'autant plus que le résumé a tout pour me plaire, et que Don DeLillo est un auteur que j'estime depuis ma lecture de Bruit de fond.
Au cœur de ce roman, le transhumanisme, la possibilité d'un humain augmenté, d'un humain éternel. Le narrateur est Jeffrey, un individu peu subtilement obnubilé par la notion de définition. Vous l'aurez compris, "qu'est-ce que l'humain ? qu'est-ce que la vie ?" sont des questions posées de façon détournée par Jeffrey qui voit donc sa belle-mère faire appel aux services de la société Zero K dans l'optique d'être cryogénisée, puis réveillée une fois qu'il sera possible de la rendre immortelle.
L'angoisse de la mort, Don DeLillo, rien d'étonnant. Mais le cadre "science-fictionnesque" m'intéressait. Je m'attendais à une grande critique philosophique de l'entreprenariat mêlé au progrès scientifique, des inégalités face à ce même progrès, du vide métaphysique qu'il peut engendrer, etc. Après tout, le transhumanisme est désormais une question qui n'a rien d'affabulatoire, on ne peut plus sérieuse. Il y a plus que jamais beaucoup à en dire.
Alors Don DeLillo critique, certes, soulève beaucoup d'idées, comme pour Bruit de fond ce n'est pas approfondi, et cela fait écho à ses personnages assez pauvres d'esprit ; mais ce qui pèche par-dessus tout est le manque d'ambition du livre. Avec Bruit de fond, DeLillo a construit un discours foisonnant et très révélateur ; avec Zero K il fait une redite passable.
Le désir d'immortalité détruit l'instant présent. D'accord. Mais sans aller chercher plus loin, ça ne prend pas.
Le style ne sauve pas spécialement le roman. Jeffrey a souvent des réminiscences, à comprendre, je crois, des réminiscences qui fondent son identité et font de lui ce qu'il est. Il raconte, légèrement mélancolique, et personnellement, je m'ennuie.
Bref, il y a quelque chose dans ce roman. Une ambiance, des idées... Mais quelque chose qu'on ne manque pas. La finalité n'est pas grandiose. Ça aurait pu être génial.