The show must stay a show
Je crois avoir un problème personnel avec Queen, plus précisément au niveau émotionnel. Je ne sais pas exactement d'où cela vient, mais je pense avoir une petite idée : je dois juste être un vieux con qui n'aime pas faire ce qu'on lui demande de faire.
Cela n'a absolument rien à voir avec une prolifération de fans de Queen autour de moi qui aurait exacerbé un côté rebelle. Pour le dire franchement, je ne connais pas de véritable fans de Queen. Non, il s'agit bien de quelque chose propre à leur musique en elle-même, avec Bohemian Rhapsody en tête. En effet, de tout son être, de toute sa substance même, cette chanson n'est qu'une longue plainte qui crie à nos tympans : «Aime moi ! Aime moi ! Je suis intelligent ! Je suis cool ! Je suis émouvant ! Allez ! Allez !»
Alors oui, j'aimerais être ému lorsque Freddie me susurre «Mama, just killed a man», j'aimerais vraiment. Mais non, je ne peux pas. Ne vous méprenez pas, je ne considère pas cette balade comme une mièvrerie insipide, absolument pas, elle est même très bien écrite. C'est tellement bien que finalement j'ai l'impression d'écouter un machin calibré au millimètre près pour me faire tirer les larmes aux yeux. Mais ça ne passe pas, et ça passe encore moins lorsque suis confronté aux ridicules «Galilei, Galileo» qui suivent. Ces passages qui arrivent de nulle part pour nous justifier le côté original de la chanson, qui nous assourdissent d'un bon gras : «Nous sommes artistiques, t'as vu ?», accompagné d'un solo pile au bon endroit.
Mais la chanson passe parfaitement, car elle est conçue pour passer parfaitement. C'est ici que Queen me perd, oui cette chanson est une sorte de petit chef d'oeuvre dans son genre, oui, c'est une série de scénettes multigenres de qualité, oui les «Galileo, Galilei» sont ridicules mais pensés pour être ridicule et amusant, oui, il s'agit d'un spectacle agréable à l'écoute mais voilà : ce n'est que du spectacle. Je n'en retire rien d'autre.
Peut-être que Queen est superficiel par profondeur comme aurait dit un autre Freddie, mais il n'empêche : je ne comprendrais jamais les gens me disant qu'ils ont pleuré en lisant les paroles de Bohemian Rhapsody...
Jamais...