Quelques instants de bonheur dans un océan de déprime
Encore une chanson de Ferré que j'aime beaucoup (dont le texte est d'ailleurs signé Jean-Roger Caussimon, on l'oublie trop souvent). Une chanson que j'aime chanter. Une chanson à la fois triste et gaie.
Triste car il pleut, à Ostende comme partout. Triste car on pourrait se noyer dans un verre, ou dans les bras d'une prostituée. Triste car Ferré se demande si ça vaut le coup de vivre sa vie...
Mais des moments de bonheur surgissent ça et là, des lueurs d'espoirs apparaissent au détour d'une rue, à écouter le vieil air du tonnerre d'un limonaire, dans un bar, à se noyer dans les yeux de la serveuse ou à participer à la camaraderie qui s'installe vite après quelques verres de bière. On pense à la première gorgée de bière de Delerm. Ici, c'est notamment « une odeur de bière, de frites et de moules marinières », la musique de l'orgue de barbarie, les yeux de la barmaid, ni gris ni verts...
Cette chanson est magnifique, avec une jolie musique, des changements de rythme, et de l'émotion. L'émotion d'un homme qui ressent parfois de la solitude, qui se sent vieillir, qui déprime parfois, mais qui sait aussi profiter d'instants lumineux dans la pénombre, de moments de bonheur ou de plaisir, même fugaces.
Une chanson qui se place en Belgique bien sûr, qui fait penser au Plat pays de Brel, forcément, mais la chanson est universelle : il pleut sur la ville, « comme à Ostende et comme partout ».
Une chanson à écouter bien sûr, mais aussi à entonner avec cœur, même seul ou sans avoir enquillé des bières ! Une chanson qui remonte le moral malgré la sinistrose ambiante.