Cry Me a River par Garfounkill
Pas une seule maladresse, pas un seul frisson dans la voix qui ne soit en trop, pas un seul accord qui ne sonne hors du ton flâneur du morceau.
Comme si l'on divaguait lentement dans une barque, remontant un fleuve brun, en écartant des saules pleureurs dans un bourdon chaud.
Le son à peine saturé de la guitare donne un goût sombre qui se mélange magnifiquement à la voix à la fois suave et rugueuse de Julie London... Ils se confondent à la fin, lorsque l'écho les rend indissociables.
Tout est fin, rien n'est surjoué ; les paroles sont comme sorties d'un rêve matinal, la chanteuse semble se souvenir de son amour alors que sa voix va ailleurs, comme si elle n'était adressée à personne, comme si elle chantait sans s'en rendre compte, à peine consciente du sens des paroles. Une chanson mystérieuse, ni triste ni calme, magnifiée ici par un enregistrement distant et assuré.