Les vagues est un voyage introspectif dont on ne se remet pas. Avec un départ heureux en apparence.
Comme lorsqu'on se jette dans l'eau, heureux de retrouver la mer, au début des vacances; on nage loin de la côte, avec l'envie de se fondre dans l'horizon bleu et d'oublier tous les troubles passés... et que l'inverse se produit.
La marée devient violente, les vagues sont de plus en plus fortes, et l'on s'engouffre, sans s'y attendre, la tête tournée de l'autre côté, dans un rouleau. Les membres se déchirent, le corps se laisse faire, impuissant face à la nature, et l'on ne songe même plus à pouvoir un jour revoir la surface, respirer l'air. Sous la mer calme se cache un tourbillon perpétuel. C'est ce que cherche Woolf : réveiller notre tempête interne, les tourments dissimulés de notre inconscients et nous les jeter dans leur état brut, inconscients d'eux-mêmes, insouciants de leur désordre, tempétueux pour toujours.
Nous suivons au gré des vagues les vies vécues de l'intérieur de six amis, séparés, retrouvés, flottant dans le récit comme l'écume au-dessus des vagues. L'image des vagues représente le flux de la vie, des liens extra-sensoriels qui se forment entre nous, et qui nous permettent de ressentir pleinement les mouvements de notre conscience.
Voyage introspectif et "exta-spectif" donc, puisque tout l'univers est contenu dans chaque monologue, tout ce qui forme le monde sert de détail pour retrouver la réalité des bribes de vie. Woolf cherche à maîtriser sous sa plume l'essence de chaque instant vécu à travers tous les angles de vue possibles.
En ce sens, son livre est cubiste. Du cubisme métaphysique pas tendre ; pour être complet.
Et on ressort du voyage exténué, dégoûté, terrassé, comme si un océan déchaîné nous était passé dessus.
Enfin bon, lisez-le quand même.
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