Surpris que ma fille - que j'admire - aime une chanson de Farmer - que je n'admire pas. Une chanson nettement plus vieille qu'elle.
C'était en 2020 je crois.
La chanson en question, je l'avais déjà entendue sans l'écouter, et aussitôt fourrée dans le gros sac étiqueté "Sucreries Ultra-commerciales de Mylène Farmer avec la Touche de Perversité qui aide à vendre" ( à côté de Pourvu qu'elles soient douces, Maman a tort, Libertine et tout ça... ). De la chanson française en plus !
Surpris, ( quel lien entre ma fille et Mylène Farmer ? ) je l'ai ré-écoutée.
Oui, j'avoue, je fais ça : je lis des livres que lisent mes enfants, j'écoute des morceaux qu'ils écoutent, pour tenter de comprendre pourquoi ils les aiment. Souvent, et souvent en vain.
Surpris, donc, je l'ai ré-écoutée. Pas la version de Farmer, une autre, une reprise ( oui, je sais, on dit cover maintenant, je dis encore reprise, comme pour les chaussettes, que plus personne ne reprise d'ailleurs ) de je ne sais plus qui.
Pour écouter les mots sans la voix de Farmer.
Marrant comme la voix d'un chanteur qu'on n'aime pas, qu'on méprise, a un aspect souillure, comme si on allait être contaminé, et plus populaire le chanteur, plus grand le risque.
Tout de suite la chanson s'est défendue ( oriflamme Jeannedarquienne ondulant au ralenti dans un souffle absent, lumière dorée sur métal bleu-clair ) et j'ai remarqué le texte pour la première fois.
Il est beau.
On comprend qu'il puisse marquer un enfant du XXIe siècle.
2e étape, plus difficile : la version originale - prêt à battre en retraite.
Elle est encore mieux que la reprise, je trouve. La voix de Farmer s'est tenue droite dans l'air un peu vibrant, comme un hologramme de Léia dans la poussière chaude de Tatooine. Tiens, c'est une chanteuse cinématographique, en fait ?
Et, clairement, l'enchantement opère.
Pas au point de faire entrer la chanson dans mon top10 - qui n'existe pas - jamais pu hiérarchiser parmi les centaines d'indispensables - mais, ok, c'est une vraie belle chanson, prenante, vibrante, on s'habituerait facilement à l'écouter. Et on aurait du mal, après, à s'en déshabituer.
...un autre jour, je fourragerai plus profond dans ce sac, pour voir ce qu'il y a d'autre à entendre.