Entre 2003 et 2004, nait le phénomène Diam's... Une vraie révolution dans le rap game, à une époque où les mots d'ordre étaient "hey" et "yeah" – la mode avait été lancée par Usher aux US, et la crème de la crème de la crème de la cerise sur le gâteau des rappeurs made in France s'était empressée de prendre le relais. Ainsi, en 2003, notre Tragédie national(e) s'improvisait Cyrano de Bergerac pour nous faire la cour à domicile, histoire de nous signaler à grands coups de "hey oh" qu'il attendait en bas de notre immeuble. L'année suivante, K.Maro (ab)usait du franglais pour nous faire de poétiques déclarations d'amour ("donne-moi ton coeur baby, ton corps baby hey!"), rythmées par des rimes aussi poignantes que délicates ("j'ai le mal qui fuit, tu donnes un son à ma vie, et puis j'sais pas ce qui s'passe, tu as ce regard dans ta face").
C'est dans cette ambiance romantique imprégnée d'un doux parfum de mâle (qui fuit) que déboule la très féminine "boulette" avec son deuxième album "Brut de femme" certifié disque d'or et porté par le single "Dj", reprise du morceau de mambo culte "Sway".
La demoiselle n'a alors qu'une seule –et pour le moins légitime– revendication: qu'on la laisse "kiffer la vibe" avec son mec, et plus généralement avec ceux qu'elle aime. Beau message d'amour et de paix ("tu veux pas que j't'égratine" ), qui met en avant l'image d'une femme forte que l'on doit respecter ("baisse les yeux" – répété deux fois s'il-vous-plait) et qui n'a que faire des diktats de la beauté imposés par la société: Diam's sait qu'elle n'est ni "une bombe latine, ni une blonde platine", mais cela ne l'empêche pas de faire entendre sa voix et de défendre son homme bec et ongles.
Tout de suite, on comprend mieux pourquoi "Brut de femme" a remporté le prix de "meilleur album rap de l'année" aux victoires de la musique cette année-là – et ce, malgré la vive concurrence.
(Sinon, je lui ai mis le seul 10 du site, parce que j'assume mon petit côté rebelle et anticonformiste, et qu'il se trouve que le premier pas vers la thug life est d'oser aller à l'encontre de l'opinion consensuelle de SC. Kestuvafer!)