Critique de Echoes par Sergent_Pepper
Progression du progressif, chant des dauphins, douceur folk et invitation au voyage. Il fallait oser, ils l'ont fait, c'est un succès.
le 14 oct. 2013
17 j'aime
4
Ping!
Eh oui, c'est ainsi que commence l'un des plus grands moments de l'histoire de la musique, ce célébrissime ping (une note au piano passée à travers une cabine Leslie) qui me donne des millions de frissons dans le dos rien que de l'entendre!!! Puis cette introduction tellement émouvante, où l'on a l'impression que tout est en train de naître, rendue par le contraste saisissant entre ce ping et les notes graves entonnées au piano par Wright, par les slides tout simplement déchirants de Gilmour. Rien que ça, ça me donne déjà envie de chialer. Après une minute et demie d'évolution lente et solennelle, Mason tape sur sa caisse claire et tous entament un thème court mais rempli de grandiloquence, qui indique déjà la voie de ce que sera Echoes: une symphonie fantastique. Un court passage tendu mais tout aussi guindé, où l'on entend les petits coups de cymables, super réjouissants de Mason, s'ensuit, avant que le thème précédent ne refasse apparition, annonçant finalement les deux premiers couplets, timbrés par les douces et mélodieuses voix remplies de mélancolie de Wright et Gilmour, qui assurent l'une des plus belles, si pas la plus belle, performance vocale de Pink Floyd. Les mots qu'ils entonnent sont eux aussi d'une beauté absolument inestimable, le texte qu'a composé Waters étant assurément son plus abouti, son plus beau jamais écrit. Abordant le thème de l'empathie et de la communication, c'est bien plus qu'un texte, c'est une véritable poésie lyrique émotionnellement chargée. Rien que de réciter ces lignes me donnent également envie de pleurer, tellement c'est magnifique! Ces deux couplets parfaitement harmonieux sont ponctués par un riff génial, entamé par Gilmour et Waters, qui semble être de nature orchestrale et pourtant si représentatif de leurs débuts psychédéliques. Succédant ensuite au chant, Gilmour nous offre un solo de Stratocaster complètement déchirant, qui font écho aux sublimes paroles que l'on venait d'entendre, avant de finalement s'enfiler dans un passage funky, dont la rythmique est remarquablement assurée par Waters et sa ligne de basse hyper accrocheuse et un Mason rigide et implacable sur sa Ludwig. L'orgue Hammond de Wright vient régulièrement ponctuer cette séquence, accompagné par des rugissements orgastiques de la part de Gilmour, plus en forme que jamais. Sur ce, je recommande la version de Live At Pompeii, qui est déjà globalement des milliards de fois meilleure que cette version studio (déjà infiniment excellente!), et dont la section funky casse vraiment toute la baraque! Ce passage finit éventuellement par s'estomper, laissant place à une sorte de vent synthétique (déjà rencontré auparavant) auquel semblent se joindre tout plein de cris d'oiseau (l'albatros mentionné au début?) qui créent un vrai climat rempli d'angoisse et de mystère. Pour certains, pour plusieurs, il s'agit de l'ombre du morceau; c'est ce passage qui leur donne envie de mettre un 9 plutôt qu'un 10. Bien que réticent devant certaines de leurs ambiances sonores créées précédemment, j'apprécie énormément cette partie aussi, la trouvant tout simplement géniale. Elle finit graduellement par céder le pas à l'un des plus beaux passages de tout le morceau, avec l'introduction: ce lent mais solide crescendo, solennel et hiératique. Alors que les accords grandioses de Wright se répètent à l'orgue Hammond, que Mason titille ses cymables délicatement, voilà qu'apparaissent de nouveau les pings du début, produisant une ambiance tendue mais quelque peu joyeuse, comme si elle s'empressait de transmettre l'espoir. Cet héroïque crescendo en est pourtant rempli et ne fait que démontrer toute la majesté de cette fresque mirifique qu'est Echoes. La tension atteint son comble et éclate en laissant place à un motif allègre et épique, encore une fois, émotionnellement chargé, joué avec brio par tous les membres du groupe. Wright et Gilmour reviennent en force au chant, entonnant le troisième et ultime couplet, rempli d'une certaine mélancolie: "Et je me jette par la fenêtre ouverte et t'appelle à travers le ciel." Le superbe riff psychédélique retentit derechef pour souligner une dernière fois la beauté époustouflante de ces paroles. La fin d'Echoes est constituée d'une longue outro, où plane désormais la nostalgie, exprimée par des réponses interposées entre guitare et piano de la part de Gilmour et Wright, les deux héros de ce voyage, auxquelles s'associeront des choeurs (synthétiques, crées à l'aide d'une manipulation de stéréos), qui s'occuperont de conclure le morceau de façon magistrale, dans la tristesse écrasante. Et voilà comment se termine l'une des plus belles pièces de l'histoire de la musique, que Wright décrira comme étant, à juste titre, un véritable sommet artistique.
Quelle aventure mirifique! Je ne vois d'autre choix que de laisser s'exprimer mes sentiments et de pleurer toutes les larmes de mon âme à l'entente de cette plage unique. Vraiment, il faut écouter et ré-écouter Echoes pour comprendre ce que l'on peut ressentir pour une telle chanson. C'est une expérience dont vous n'en sortirez certainement pas indemne et qui fera vibrer même les esprits les plus solides. Et pour vous dire à quel point je suis amoureux de cette pièce, je lui attribue une note, non de 10, mais de ∞. Jamais n'ai-je écouté un morceau d'une telle puissance et beauté, vraiment.
∞/10
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Créée
le 9 oct. 2024
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