La marche à l'amour
Tu as les yeux pers des champs de rosées tu as des yeux d’aventure et d’années-lumière la douceur du fond des brises au mois de mai dans les accompagnements de ma vie en friche avec cette chaleur...
le 22 août 2016
5 j'aime
3
Voilà, j'ai ouvert la page et écrit le titre. J'attends.
J'aimerais bien réussir ma critique, pour une fois.
À son ordre, à sa loi, personne ne résiste
Et je n'y résisterai pas...
Dans Les Demoiselles de Rochefort, Delphine et Maxence patientent, eux aussi. Mais chez Gaston Miron, fi de la patience, c'est la course — effrénée — la fuite vers — il s'y précipite comme d'une falaise, sans attendre. À l'amour : destination, bien sûr, mais aussi appartenance.
La seule patrie qu'il puisse (y) avoir.
Une excellente chanson est toujours une patrie, et quand on l'écoute, il est question d'appartenance. C'est à moi comme mon livre préféré et usé de l'être. Quand je lance la piste 9 de Cristal automatique 1 (1 ?! que nous réserve-t-il pour le numéro 2 ?), quelque chose d'autre se passe : je me sens appartenir toute entière, englobée, encerclée, courant moi aussi, cœur qui cogne au rythme de la marche. La marque du sublime.
Chanson de Gaston ? Non, chanson de Babx — et comme il est dur de faire quelque chose de plus avec un texte, un poème. Pourtant, jamais en lisant Miron je n'aurais eu cet élan de joie que j'ai quand j'entends la voix fausse de Babx dire “et moi qui suis charpente et beaucoup de fardoches” — cet élan de joie que j'ai quand j'entends “je finirai bien par te rencontrer quelque part, bon dieu !” — cet élan de joie quand “toi tu as la tête d'abîme douce n'est-ce pas”.
C'est le rythme, peut-être, ou le piano qui neige, et fond, et neige, et fond, ou la candeur farouche, ou bien je ne sais pas, parce que je ne sais pas comment tout cela n'est pas niais. Non, cette chanson est une gaucherie entêtée, une beauté maladroite et rageuse, dix minutes zéro une toute seconde rare.
Cela semble si simple, rien de plus qu'oser.
Alors j'ose cette critique (mmh) un brin niaise, mais je ne peux quand même pas passer mon temps à attendre.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Top 10 Morceaux
Créée
le 15 sept. 2015
Critique lue 132 fois
7 j'aime
18 commentaires
D'autres avis sur Gaston Miron
Tu as les yeux pers des champs de rosées tu as des yeux d’aventure et d’années-lumière la douceur du fond des brises au mois de mai dans les accompagnements de ma vie en friche avec cette chaleur...
le 22 août 2016
5 j'aime
3
En lisant ce poème au lyrisme noir de Gaston Miron, Babx m'a offert une des nuits les plus charbonneuses, les plus stellaires et telluriques. Sous MD, entouré de mes meilleurs amis, l'âme grise et le...
le 11 août 2020
Du même critique
Le pire aspect de l'hypokhâgne et de la khâgne — vous savez, les classes préparatoires littéraires, tous ces noms pompeux, là —, ce sont les khôlles. Les colles, en langage vulgaire. Les...
Par
le 18 mai 2014
16 j'aime
2
D'une, je n'ai jamais aimé Sophie Hunger plus que de raison. J'écoute ses albums avec intérêt, notamment 1983, que je trouve franchement bon, mais je ne crois pas avoir été bouleversée par une de ses...
Par
le 14 sept. 2013
14 j'aime
3
C'est l'album de l'amour. J'explique. On va pas se mentir, ça n'est pas un grand album de grande musique avec des grands interprètes et des grandes voix. C'est l'OST d'un épisode musical d'une des...
Par
le 7 déc. 2013
10 j'aime
2