Ghost Rider (2022 – remaster) par Garfounkill
Une profession de foi, un “statement”, un manifeste, un mausolée où gît tout ce qui précède le punk. Les accords du synthétiseur avancent comme les chenilles d’un tank lancé à fond sur une autoroute en enfer, la voix classe d’un crooner, enjolivée d’une réverbération démoniaque nous entraîne avec distinguo... on peut très bien voir les ray-ban et l’aiguille encore plantée dans les veines du chanteur. 2 minutes et demie de nihilisme infâme, une fuite en grande pompe vers un ailleurs qui sera peut-être le futur, en tout cas quand on écoute Ghost Rider on n’est plus dans le présent. On est plongé dès les premières secondes dans l’esthétique mortifère du tout et du rien assimilés, du tout et du rien qui sont deux prétextes pour faire passer le message cinglant : “America is killing its youth”. Oui, l’Etat tue, pas seulement à l’étranger, mais aussi sa jeunesse, que ce soit l’Amérique au moment du Vietnam, de l’Irak, ou la France au moment de Charonne ou de Sivens. La réponse adéquate au meurtre injustifié : le suicide par la création, la création par le vide.