Comme l’a brillamment écrit Elliott Murphy, à partir du Velvet, le monde allait connaître une nouvelle peur : celle des parents qui, à travers la porte close de la chambre de leur fils ou de leur fille, entendent les paroles de "Heroin". Célébration haineuse – et non apologie, même si le doute est permis – de la dépendance aux drogues dures, "Heroin" est l’une des plus belles descentes aux enfers jamais mises en musique, parce que, comme tous les chefs d’œuvre de Lou Reed, elle est totalement dépourvue de pathos, et se contente d’une description affreusement précise des dégâts. Une chanson qui fait littéralement froid dans le dos, tout en procurant une excitation sourde et honteuse qui en exprime bien l’ultime ambigüité.