Scoubidou
C'est l'histoire d'un américain, un texan, au volant de sa décapotable en plein désert, le vent chaud dans les cheveux, il conduit, il conduit, sa tête devient lourde, sa vision diminue. Il aperçoit...
Par
le 25 août 2021
12 j'aime
7
• C’est une pochette noire. La silhouette d’un hôtel assoupi se détache en contre-jour, à la tombée de la nuit.
• C’est mon premier slow, exaltant, mais éprouvant par sa durée de plus de six minutes.
• C’est mon premier 33 tours. Je me vois en train d’ouvrir la pochette, c’était hier.
• C’est ma première chanson anglophone, péniblement déchiffrée à l’aide d’un dictionnaire, dans un monde encore dépourvu d’internet.
• C’est la découverte de la mélancolie et les premières morsures du spleen. Seul dans ma chambre, combien de soirées n’ai-je pas passées à l’écouter et à le réécouter ?
Composé par Don Felder, Don Henley et Glenn Frey en 1977, Hotel California est l’unique “tube“ des Eagles. Unique, certes, mais mondial. Qui n’a pas frémi au son de la voix haut-perchée et plaintive, gorgée d'émotion et à la limite de la rupture de Don Henley ?
« Mirrors on the ceiling,
The pink champagne on ice
And she said, 'we are all just prisoners here, of our own device' »
Qui n’a pas vibré sur l’interminable solo des deux guitares entrelacées qui clôt, ou plutôt refuse de clore, le morceau ?
Henley dépeint palace et convives
dans la moiteur tropicale et lascive,
une grandeur décadente et surannée,
des vins fins et du champagne frais,
des candélabres et des miroirs,
de jolies filles et de beaux gars,
le brouillard de l’alcool et du chanvre,
la fête et la danse incessantes.
Vous succomberez à la morosité,
à l’angoisse d’invités retenus contre leur gré
et à la lasse empathie du personnel :
« 'Relax' said the night man, 'We are programmed to receive... ' »
Pour ses auteurs, l'Hotel California est un établissement médical voué au traitement des dépendances aux drogues dures. C’est possible, mais comment ne pas y voir la prison dorée des rock stars qui, des Eagles aux Rolling Stone, sont contraints, après l’échec cuisant de leurs carrières individuelles, de reconstituer leur groupe pour une énième tournée mondiale. Réduits à faire bonne figure, à répondre aux sempiternelles mêmes questions, à se supporter malgré les haines recuites et les détestations réciproques ? Rien ne les y oblige, me direz-vous ? Pourquoi ne vivent-ils pas simplement de leurs rentes musicales ? Parce que la scène et l’argent facile sont les plus dures des drogues ! « Welcome to the Hotel California ».
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Top 10 Morceaux, Critiques de 39 morceaux mythiques, Vieux rocks, vieux compagnons et La folk, quelques critiques
Créée
le 26 oct. 2017
Critique lue 1.1K fois
47 j'aime
20 commentaires
D'autres avis sur Hotel California
C'est l'histoire d'un américain, un texan, au volant de sa décapotable en plein désert, le vent chaud dans les cheveux, il conduit, il conduit, sa tête devient lourde, sa vision diminue. Il aperçoit...
Par
le 25 août 2021
12 j'aime
7
Le vent frais, l'odeur des colitas, ce paysage immense, et ce soleil chaud. Puis cet hôtel, où on vous accueil les bras ouverts, où tous le monde semble heureux, où certains dansent pour se rappeler,...
le 29 oct. 2016
6 j'aime
Une chanson de lover...
Par
le 23 nov. 2015
1 j'aime
Du même critique
Clint est octogénaire. Je suis Clint depuis 1976. Ne souriez pas, notre langue, dont les puristes vantent l’inestimable précision, peut prêter à confusion. Je ne prétends pas être Clint, mais...
le 14 oct. 2016
127 j'aime
31
Je dois à Hayao Miyazaki mon passage à l’âge adulte. Il était temps, j’avais 35 ans. Ne vous méprenez pas, j’étais marié, père de famille et autonome financièrement. Seulement, ma vision du monde...
le 20 nov. 2017
123 j'aime
12
J’avais sept ans. Mon père, ce géant au regard si doux, déposait une bande dessinée sur la table basse du salon. Il souriait. Papa parlait peu et riait moins encore. Or, dans la semaine qui suivit, à...
le 11 juin 2016
123 j'aime
30