Brel joue ici avec les silences, encore une fois.
"Il pleut", comprenez "je pleure". Personne ne veut de lui, pauvre maladroit sans cavalière, pauvre ouvrier solitaire. Son univers se résume à l'usine, à son escalier, à ses carreaux, cassés, comme lui.
Seul, il n'est bien que sous les cieux, qu'aux creux des bras du soleil, de la lune, dès qu'il les quitte, il retombe en enfer.
Chanson très courte, 2minutes 23, pourtant divisée en trois parties, Brel ne se contente pas de laisser parler son texte ni sa voix, il compose encore une fois sa musique comme celle d'un film, un western je dirais ici.
Une guitare, espagnole, sèche, seule, gémit, sur le premier couplet puis se coupe nette, en même temps que la voix de Jacques, pour reprendre au couplet suivant, accompagnée cette fois ci d'un accordéon me semble-t-il (je ne voudrais pas dire de bêtises..).
Face à face, les deux instruments se toisent. Un instant, l'accordéon gagne, il entraine Jacques dans une ritournelle aux accents mexicains, tous deux s'emballent, s'élèvent, mais un silence vient les séparer.
Un silence tire une balle dans le cœur de l'accordéon, et la guitare reprend le dessus sur Jacques et le ramène à ses larmes.
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