L’animateur à succès accueille le jeune impétrant avec condescendance :
- Je vous présente un jeune auteur-compositeur et interprète prometteur, Jean-Jacques.
- Bonjour.
- D’où nous viens-tu ?
- À l’origine... de Montrouge !
- De la banlieue rouge, magnifique.
- Oui.
- Est-ce ton premier album ?
- Sous mon nom, oui.
- Quel âge as-tu ?
- Trente ans.
- C’est tellement émouvant un premier album, que pouvons-nous te souhaiter ?
- Rien.
- Rien du tout ?
- Non.
- Un signe peut-être.
- Un seul, oui.
- Magnifique transition. Il jubile manifestement. Faites-lui le meilleur accueil ! Jean-Jacques Goldman nous interprète : Il suffira d’un signe.


C’est parti... C’est ainsi que j’imagine sa première télé.


https://www.youtube.com/watch?v=Vav-2sgJ4MI


De fait, le jeune Jean-Jacques n’eut pas à attendre trop longtemps son fameux signe. Nous sommes en 1981, les radios périphériques règnent en maître sur la variété française. La directrice des programmes de RTL apprécie le titre et décide de le matraquer. Il est numéro 1 le 9 mai 1982. Le premier d’une longue série. A star was born.


1981, j’ai 15 ans et un poste de radio. Le soir, dans ma chambre, j’écoute distraitement. J’ai été élevé aux sons de Brel, Brassens, Béart et Dassin. Un son nouveau m’intrigue. Jean-Jacques est différent. La martingale de son succès peut sembler primaire.
- Une histoire simple, une romance, un chemin, un voyage, une rencontre.
- Un vocabulaire simpliste, mais juste.
- Des rimes simples. Ici, une ribambelle de « in, min, tin, rien... », enchâssant un couplet transgressif en « asse ».
- Une voix posée, mais monotone.
- Un rythme binaire et scandé avec une délicatesse de chanson de marche de Marines. Et... c’est tout.
Ecoutez.
Il suffit de crier « in » à la fin de chaque vers...
Vous y êtes.
Déjà, vous dansez.
Et, là, maintenant, vous hurlez ;
« Regarde ma vie tu la vois face à face
Dis-moi ton avis que veux-tu que j'y fasse
Nous n'avons plus que ça au bout de notre impasse
Le moment viendra tout changera de place. »


Ça y est, vous êtes pris. Une recette simple, certes, mais que lui seul saura pratiquer avec succès. Six albums studio en 20 ans. Tous identiques. Et, en 2001, au fait de la gloire, une ultime galette. Différente.


Cette fois-ci, l’animateur de télé est intimidé, il accueille pour la dernière fois Jean-Jacques Goldman. Une star immense et si simple.
- Jean-Jacques Goldman. Étrange cet album.
- Certes.
- Pourquoi donc ?
- On m’a souvent reproché de ne produire qu’un seul type de musique.
- Non, qui a dit cela ?
- Vous tous. Mais, c’était ce vous aimiez. Ce que vous diffusiez.
- Bien sûr. Nous avons tous dansé sur vos tubes.
- Cette fois-ci, j’ai écrit une musique pour moi. Des chansons pour danser, différemment, je vais vous jouer une tarentelle.
- Oui... Il perd manifestement pied. Quelle étrange idée.


C’est Chanson pour les pieds, c’est effectivement différent, je vous assure, essayez !


https://www.youtube.com/watch?v=-eR6v2zcy4c

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le 7 déc. 2017

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Step de Boisse

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